Computacenter reprend ABM pour 300 000 €

Le tribunal de commerce de Versailles a tranché : c'est finalement le dossier de reprise déposé par Computacenter qui a été préféré aux offres concurrentes, notamment celle proposée par Allium. AB Micro Conseil passe de fait sous la bannière du chaîniste, seulement quatre mois après avoir été placé en redressement judiciaire. Montant de la transaction : environ 300 000 euros. « C'est la meilleure issue possible pour ABM dans la mesure où une bonne partie des salariés intégreront Computacenter », indique Bruno Barat, ex-Dg du revendeur, qui rejoint également le chaîniste en qualité de directeur des nouveaux comptes. Avec Qualité SA et GE Capital, Computacenter a montré son savoir-faire en matière de croissance externe, notamment en tenant compte de l'aspect humain. » Depuis le 20 mars, les 36 salariés repris, essentiellement des postes de commerciaux et de techniciens, sur les quelque 90 que comptait le revendeur francilien à la fin 2002, ont rejoint les locaux de l'agence d'Antony (Hauts-de-Seine). Un transfert express qui doit permettre à Computacenter de reprendre rapidement contact avec des clients tout de même « chahutés » au cours de ces derniers mois. Cet enjeu est d'autant plus important qu'ABM peut s'enorgueillir de références prestigieuses en Île-de-France, aussi bien dans le secteur public, avec l'Ugap, le conseil général des Hauts-de-Seine ou le ministère de la Défense, que dans le secteur privé, avec Dassault (qui est client depuis 1987), Thales, EADS ou Sagem. « Avec Bruno Barat, nous avons commencé à les rencontrer, indique Denis Garnier, Pdg de Computacenter. Je pense que nous aurons un bon mois de travail pour expliquer les changements en cours et à venir. Pour nous, le plus complexe porte sur la reprise du portefeuille clients car il est nécessaire de dresser un état des lieux des commandes en cours. » Une épreuve difficile psychologiquement Bruno Barat et Jean-François Bourasset (Ndlr : il devrait également rejoindre Computacenter à un poste d'attaché de direction, au côté de Denis Garnier) n'auront donc pas réussi leur pari de maintenir l'indépendance de l'entreprise familiale, fondée en mai 1983 par Alain Barat, dans un local de 15 m2 à Vélizy (Yvelines). Un épilogue douloureux, dans la mesure où ils avaient déjà vécu pareille mésaventure en octobre 1992, date du premier dépôt de bilan... et de l'après-guerre du Golfe. « Psychologiquement, les derniers mois ont été très difficiles, explique Bruno Barat. Car nous souhaitions coûte que coûte préserver le maximum d'emplois et continuer de satisfaire tant bien que mal nos clients. Sur ce point, les fournisseurs nous ont vraiment beaucoup aidés. S'ils avaient eu cette attitude auparavant, peut-être aurions-nous pu éviter d'en arriver là. Pour moi, la principale raison de la disparition d'ABM est liée aux encours. Notamment depuis 2001, année où nous avons présenté des pertes de 1 ME. » Par la suite, le durcissement des conditions financières, liées à un environnement économique très dégradé pour les revendeurs grands comptes, a eu raison de la pugnacité des dirigeants (voir Distributique n° 377, p. 4). « Même si ABM continuera d'être présent en moi, je suis persuadé que l'on va faire du très bon travail dans cette nouvelle entreprise », lâche Bruno Barat, pas peu satisfait de voir comment les premiers jours se déroulent aussi bien pour lui que pour les ex-ABM. « Je suis confiant, nous allons faire de grandes choses », insiste le dirigeant. Un enthousiasme que compte bien mettre à profit Denis Garnier, d'autant que le chaîniste affiche un tableau de marche ambitieux pour l'année 2003, avec une croissance du chiffre d'affaires de 12 %. Selon le Pdg, ce nouveau portefeuille devrait générer 38 ME de chiffre d'affaires dans les douze prochains mois, contre 54 ME réalisés en 2002. « Ce qui nous apportera environ 7 à 8 % de croissance », explique Denis Garnier. Interrogé par ailleurs sur la pertinence de racheter un spécialiste de la distribution grands comptes alors que Computacenter réaffirme régulièrement sa volonté de mettre l'accent sur les services (voir Distributique n° 389, p. 7), le dirigeant a réaffirmé la stratégie conduite en France, qui combine croissance externe aussi bien sur la partie distribution que sur l'activité dite « de services ». « À mes yeux, la distribution et les services sont indissociables, insiste Denis Garnier. ABM est un bon exemple puisque nos portefeuilles clients ne se recouvrent pas. Mieux, nous comptons proposer à ces nouveaux clients notre offre de services. » Poursuivre la croissance externe Dans l'industrie, la disparition d'AB Micro Conseil, entreprise emblématique de la distribution informatique depuis vingt ans, ne laisse pas indifférent, même si tout le monde s'accorde pour dire que cela fait « aussi » partie des affaires. Pour Maurice Bourlier, Pdg d'Arès, qui exprime un « grand respect » pour les anciens dirigeants d'ABM, c'est avant tout le modèle de vente de matériel aux grands comptes qui est en cause, puisque le niveau de marge pratiqué ne permet à personne d'en vivre... sans une activité services rémunératrice. Une analyse partagée par Gérard Bouhanna, directeur marketing d'Oki, pour qui la stratégie d'un revendeur grands comptes est liée à celle de ses fournisseurs : « Ils sont donc affectés quand les constructeurs décident de réduire les marges en fonction des volumes livrés, les plus faibles y laissant des plumes. » « Faut-il le rappeler, mais l'espérance de vie des entreprises de distribution dépend du compte d'exploitation, poursuit Olivier Fichebin, directeur des opérations de Top Info, qui fait figure aujourd'hui de dernier grand indépendant sur la région Ile-de-France. Plus que jamais, la distribution micro fonctionne sur un modèle financier, aussi bien aux niveaux régional et national qu'international. Aujourd'hui, le marché ne permet rien : il y a dix ans, ABM avait pu relancer son activité. En 2003, ce n'est plus possible. » Un constat qui risque de se revérifier dans les prochaines semaines.

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