Surcouf a été liquidé, la Fnac doit entrer en bourse et intéresse moins son actionnaire, eBizcuss est mort étranglé par son fournisseur Apple. Les « historiques » de la distribution spécialisée (*) sont non seulement en grande difficulté mais n'arrivent pas à trouver de repreneur.
La société Virgin Stores SA, propriétaire des magasins Virgin Megastore, est en redressement judiciaire. L'administrateur judiciaire, Maître Gérard Philippot publie une annonce judiciaire (en France et dans le Financial Times) pour chercher un repreneur. Les candidats intéressés ont jusqu'au 5 avril à 12 h pour se manifester. La société compte 26 magasins en France, 1 113 salariés, et réalisait 250,417 millions d'euros de chiffre d'affaires sur 2012.
La société est en dépôt de bilan depuis le 9 janvier dernier, un comité central d'entreprise daté du 20 février prenait connaissance de la mise en redressement judiciaire. A cette occasion, Maître Philippot avait présenté aux salariés un rapport, réalisé par le cabinet Mazars, très pessimiste sur la viabilité de l'entreprise. En réduisant d'un tiers le nombre de magasins (fermeture de 10 sur 28), et à condition que le marché des livres CD et DVD soit positif, la société ne serait toujours pas rentable. Une telle mutation passait également par le départ de près de 500 salariés.
Vers une vente à la découpe ?
Virgin Stores est actuellement détenue par le fonds Butler Capital Partners. La question est aujourd'hui de savoir si un ou plusieurs repreneurs se manifesteront pour la totalité de l'entreprise ou s'ils attendront la possibilité de reprendre la société par appartement.
Co-fondateur de l'entreprise avec Richard Branson en 1988, Patrick Zelnik a fait savoir qu'il préparait un plan de reprise. Il semble surtout intéressé par l'exploitation du magasin des Champs Elysées. Le navire amiral, ce magasin des Champs Elysées, suscite en effet beaucoup d'intérêt. Il appartient depuis le mois de juin dernier au fonds souverain du Qatar, Qatar investment authority. Au total, il s'agit d'un immeuble de 26 000 mètres carrés, comprenant le Virgin et des bureaux. Le contenu du bail conditionne évidemment tout projet de reprise.
Et la licence ?
Ce dossier recouvre donc plusieurs composantes : commerciales (pourquoi ce secteur est-il en difficulté ?), sociales (plus de mille salariés concernés), financière (qui mettra de l'argent et sur quel périmètre ?), immobilière. Sans oublier l'aspect licence, Virgin UK aura son mot à dire sur le choix du repreneur. Rappelons que Virgin Megastore n'a rien à voir avec Virgin Mobile, un MVNO dont la licence est détenue par Omea Télécom.
L'audience pour examiner les projets de reprise des Virgin Megastore pourrait se tenir le 15 mai et la décision intervenir autour du 30 mai. L'intersyndicale s'est dit très déçue de sa rencontre avec des représentants de plusieurs ministères, le 17 janvier dernier, elle demandait notamment l'activation de la BPI et de la Caisse des dépôts pour consolider un plan de sauvetage. Ce ne sera pas le cas, seul des intérêts privés seront à la manoeuvre.
(*) n'oublions pas non plus dans des secteurs voisins : la chaîne Game (jeux vidéo), The Phone House et les magasins des opérateurs de téléphonie.
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