Marc Darmon, directeur général adjoint de Thales, a annoncé un partenariat avec Google Cloud pour proposer une offre de confiance aux entreprises et aux administrations. (Crédit Photo: Thales)
Après Andromède et Cloudwatt (avec OBS et La Caisse des Dépôts), Thales revient dans le jeu du cloud de confiance en s'associant avec Google Cloud. Dans ce cadre, une société détenue et contrôlée par le spécialiste de la défense et de la sécurité va être créée au début de l'année prochaine. Le label de l'Anssi et la commercialisation des offres sont attendues fin 2022.
« Nous redevenons un acteur du cloud public », indique Marc Darmon, directeur général adjoint de l'activité système d'information et de communications sécurisées chez Thales, en préambule de l'annonce du partenariat avec Google Cloud pour la création d'un cloud de confiance. Il faut dire que l'acteur de la sécurité a une longue histoire dans ce domaine en ayant participé au projet Andromède avec le fork Cloudwatt. Malgré cet échec, Thales replonge donc dans l'aventure du cloud de confiance en misant sur Google Cloud pour séduire les entreprises privées, mais aussi les administrations.
Concrètement, Thales va créer une société de droit français, « qui sera détenue majoritairement et contrôlée complètement par nous », glisse Marc Darmon lors d'une conférence de presse. Google Cloud sera aussi un actionnaire de cette structure, mais sans pouvoir de contrôle. L'investissement est jugé « très important » par les deux parties, mais sans donner de chiffres et fera l'objet de plusieurs recrutements. L'objectif de cette société est d'échapper aux effets extra-territoriaux de certaines réglementations comme le Cloud Act. Cette structure, qui n'a pas de nom pour l'instant, sera crée au début de l'année 2022. Une date qui correspond à l'inauguration des trois datacenters de Google Cloud en région parisienne (pour répondre à la question de la triangulation) et qui accueilleront les infrastructures de la future société. « Il y aura une séparation physique avec des salariés de la société, une séparation technique avec nos propres serveurs et notre propre réseau », explique Marc Darmon. Il ajoute une troisième séparation sur l'aspect logiciel avec la mise en place d'un sas de sécurité pour les mises à jour fonctionnelles et de sécurité des services « afin de vérifier leur intégrité ».
Workspace encore en discussion
La prochaine société va demander le label Cloud de confiance (une extension de SecNumCloud) auprès de l'Anssi. Son obtention est attendue dans le courant de l'année prochaine et les premières offres seront commercialisées à la fin 2022. Justement, est-ce que cette société va fournir l'ensemble des offres de Google Cloud. « Notre volonté est de proposer un maximum de services allant des ressources de calcul, de stockage, de bases de données, mais aussi de l'intelligence artificielle », précise Anthony Cirot, directeur général de Google Cloud France.
Il reste néanmoins des sujets encore en discussion par exemple sur la suite collaborative Workspace qui ne fait pour l'instant pas partie du package de solutions offertes. Par ailleurs, la question de la remontée des données pour enrichir les modèles d'algorithme d'IA est en débat. Le support sera assuré par la nouvelle société, sans donner pour autant proposer une garantie dans le temps comme c'est le cas pour le concurrent Bleu avec Bleu porté par Orange, Capgemini et Microsoft (support et fonctions iso de 10+10 ans pour Azure). Mais Marc Darmon assure « il s'agit d'un partenariat sur le long terme ».
Une concurrence dans le cloud confiance
Interrogé sur les aspects différenciants avec la concurrence de Bleu, Thales met en avant son expertise dans la sécurité et notamment dans le chiffrement. Google Cloud lui pousse son catalogue de services « bien positionné pour gérer notamment des grands volumes de données », souligne Anthony Cirot. Cet accord entre aussi en compétition avec le partenariat entre OVH et Google Cloud annoncé il y a presqu'un an en s'appuyant sur l'offre Hosted Private Cloud du fournisseur roubaisien et Anthos de la firme américaine. On peut ajouter dans ce panorama, le rapprochement entre OVH et Atos pour voir que l'année 2022 s'annonce particulièrement dynamique sur le marché du cloud de confiance. Reste une interrogation : AWS qui, pour l'instant, n'a pas noué d'accord.
En tout cas, l'annonce de Thales et de Google Cloud a été bien accueillie par les autorités et par les entreprises. Le ministre Bruno Lemaire y voit une traduction de la stratégie cloud dessinée par l'Etat. Du côté du Cigref, ce partenariat est considéré comme « une réponse pertinente au besoin de confiance ».
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