
Le site de production de STMicroelectronics à Crolles (Isère) pourrait être concerné par un plan de restructuration .(Crédi: STMicroelectronics)
Sous le coup de la baisse des composants et de la diminution de ses revenus, le fabricant européen de semi-conducteurs STMicroelectronics serait prêt à se séparer de 2 000 à 3 000 emplois en France et en Italie, selon l'agence Bloomberg. En Isère, les sites de Crolles et de Grenoble seraient les plus impactés par un plan de départs basé sur le volontariat.
En filigrane lors de la présentation des résultats trimestriels de janvier 2025, les suppressions de postes chez STMicroelectronics pourraient se concrétiser dès le mois de février. Selon les informations de l'agence Bloomberg, le fabricant franco-italien de semi-conducteurs pourrait réduire entre 2 000 à 3 000 postes en France et en Italie, soit 6% de ses effectifs. De qui inquiéter les 7 500 personnes employées en Isère, à Crolles sur le site de production et sur l'activité R&D de Grenoble. L'industriel qui emploie 11 500 collaborateurs dans l'Hexagone est également présent à Tours et Aix-en-Provence. Selon l'agence de presse, le groupe privilégierait des départs volontaires, dont des retraites anticipées. En cause de ces réductions, la baisse de la demande de composants dans l'industrie, en particulier dans le secteur automobile ont pesé sur les résultats alors que les ventes de voitures électriques sont en chute libre.
Annoncé ce jeudi 30 janvier 2025, le chiffre d'affaires annuel 2024 s'est établi à 12,5 milliards d'euros, et a diminué de 23,2 % par rapport à l'année précédente. La marge d'exploitation a atteint 12,6 %, contre 26,7 % pour l'exercice 2023, tandis que le bénéfice s'est replié de 63 % pour atteindre 1,56 milliard de dollars. Concernant 2025, les perspectives sont peu encourageantes pour le premier trimestre 2025, avec un chiffre d'affaires prévisionnel de seulement 2,5 Md$.
Un plan d'économies de 300 à 360 M$
En conséquence, Jean-Marc Chéry, président de STMicroelectronics avait annoncé dans le communiqué des résultats financiers: « En termes de charges d'exploitation (Frais commerciaux, généraux et administratifs et de R&D), ST prévoit des économies de coûts annuelles totales de 300 millions à 360 millions de dollars à la fin 2027, par rapport à la base de coûts de 2024. » Sans dévoiler les détails de cette restructuration, la direction de STMicroelectronics nous a indiqué : « En octobre, STMicroelectronics a annoncé le lancement d'un nouveau projet d'entreprise pour remodeler son implantation industrielle et redimensionner sa base de coûts globale. Hier, nous avons précisé que ce projet vise notamment à adapter notre éventail de compétences et à accélérer l'efficacité et la compétitivité de notre entreprise au sein de nos organisations SG&A (frais commerciaux, généraux et administratifs) et R&D.
Des licenciements chez des acteurs clés
Nous allons commencer à engager un dialogue constructif avec les instances représentatives du personnel au sujet des programmes d'accompagnement de fin de carrières, sur la base du volontariat , a ajouté le groupe en assurant « tirer également parti de l'attrition et serons très attentifs aux programmes de recrutement afin d'investir dans les compétences et talents dans les domaines qui soutiendront l'avenir de l'entreprise ». Signalons aussi, que le ralentissement du marché des semi-conducteurs a entraîné des licenciements chez des poids lourds tels qu'AMD, Intel, et Infineon. Enfin rappelons qu'en 2022, STMicroelectronics et GlobalFoundries s'associent pour relancer le site de Crolles avec comme objectif les 18 nm, alors que la concurrence visait elle les 4 nm.
« C'est le plus grand investissement industriel des dernières décennies hors nucléaire et un grand pas pour notre souveraineté industrielle : c'est 1 000 emplois à la clé », assurait à l'époque Bruno Lemaire. Dans le cadre du plan européen Chips Act, ST et GF devaient bénéficier d'une subvention de la part de l'État français pour construire cette unité de production. Il ne s'agit toutefois pas vraiment d'une nouvelle usine sur le sol français, mais d'une extension des capacités de production du site historique de Crolles, près de Grenoble, avec une installation capable de produire des wafers de 300 mm pour fournir des composants en 22 nm (22FDX ou FD-SOI) aujourd'hui et à terme en 18 nm (FD-SOI). Depuis, le projet est passé aux abonnés absents.
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