Benoît Dageville (à gauche), président de Snowflake, et Thierry Cruanes, CTO, ont créé en 2012 la société pour concevoir la base de données analytique cloud répondant à leurs exigences. (Crédit : Snowflake)
En forte progression sur son marché, l'éditeur de datawarehouse natif cloud Snowflake vient de transmettre à la SEC son dossier d'introduction à la bourse de New York. La société fondée par deux ingénieurs français il y a 8 ans a généré un chiffre d'affaires de 264 M$ sur son exercice 2020. Elle était valorisée 12,4 Md$ en février.
L'entrée en bourse de Snowflake est l'une des IPO les plus attendues de l'année, avec de très belles perspectives de retour de cash pour les fonds qui ont accompagné l'éditeur de logiciels basé à San Mateo. Cette initiative était évoquée depuis un certain temps, même si rien ne pressait en fait l'éditeur de datawarehouse en mode SaaS, en pleine progression sur son marché, si ce n'est d'offrir la possibilité à ses actionnaires, dont une partie de ses cadres, de convertir en liquidités les titres qu'ils détiennent. Au total, Snowflake a levé 1,4 milliard de dollars en 8 tours de table et sa valorisation atteignait 12,4 milliards de dollars en février, à la suite de la dernière levée de fonds en date, menée par Dragoneer Investment Group avec le soutien de Salesforce. Depuis juin, on savait que l'IPO se préparait. Elle se confirme donc puisque la société a transmis hier à la Securities & Exchange Commission son dossier d'introduction au New York Stock Exchange sous le symbole proposé de « Snow ». Aucune date ni prix de mise en vente de l'action ne sont pour l'instant arrêtés pour l'IPO.
Dans la perspective d'une IPO, Frank Slootman a été recruté l'an dernier au poste de CEO pour prendre la suite de Bob Muglia, figure expérimentée de l'industrie informatique qui a su fait grandir la réputation de Snowflake. (Crédit : Snowflake)
En quelques chiffres-clés, la réussite de la société s'affiche dans ce dossier : un remarquable taux de rétention net qui pointe à 158% (un indicateur du marché SaaS correspondant au chiffre d'affaires des clients retenus de l'année précédente), un portefeuille de 3 117 clients au 31 juillet 2020 (ce qui corrige l'estimation approximative de 4 000 qui circulait en juin), soit une augmentation de 1 547 clients sur un an. Dans ce portefeuille, 56 clients génèrent sur 12 mois plus d'1 M$ de revenus pour Snowflake qui affiche aussi un très bon NPS de 71 (le Net Promoter Score est l'indicateur de la satisfaction client). Sur son 2ème trimestre fiscal 2021, le chiffre d'affaires de l'éditeur a crû de 121% en un an, à 133 M$. Enfin, entre le 1er et le 31 juillet 2020, plus de 500 millions de requêtes ont été opérées chaque jour en moyenne par les clients sur les datawarehouses constitués avec la technologie Snowflake.
Data Cloud : un écosystème de données connectées
« Nous croyons dans un monde de données connectées où les organisations disposent d'un accès fluide pour explorer, partager et libérer la valeur des données », expose l'équipe de Snowflake dans le résumé de son dossier d'IPO. « Pour réaliser cette vision, nous nous lançons en pionnier dans le Data Cloud, un écosystème où les clients de Snowflake, les partenaires et les fournisseurs de données peuvent casser les silos de données et tirer de la valeur d'ensembles de données en croissance rapide, de manière sécurisée, gouvernée et en respectant la conformité. (...) Notre plateforme résout le problème, vieux de plusieurs décennies, des silos et de la gouvernance sur les données ». La société a été créée en 2012 par Benoît Dageville et Thierry Cruanes, deux ingénieurs informatiques disposant d'une expertise avancée en base de données, ayant quitté Oracle pour créer leur propre modèle de database analytique en exploitant au mieux les avantages du cloud.
Au 31 juillet 2020, Snowflake rassemblait 2 037 collaborateurs sur 19 pays. Ci-dessus, son siège de San Mateo. (Crédit : Snowflake)
Au 31 janvier 2019, Snowflake avait réalisé un chiffre d'affaires annuel de 96,7 M$, un an plus tard, celui-ci s'élevait à 264,7 M$, soit une progression de 174%. Sur les six premiers mois de l'exercice en cours, il atteint 242 M$, en augmentation de 133% par rapport à son 1er semestre fiscal 2019. Concernant ses pertes nettes, Snowflake avertit : « Nous avons des antécédents de pertes d'exploitation et pourrions ne pas atteindre ou maintenir une rentabilité à l'avenir ». La perte nette de la société s'est élevée à 178 M$ et 348,5 M$ sur les années fiscales achevées fin janvier 2019 et fin janvier 2020. De février à fin juillet 2020, elle s'est établie à 171,3 M$ (177,2 M$ sur la période équivalente un an plus tôt). « Au 31 janvier 2020 et au 31 juillet 2020, nous avions un déficit accumulé de 700,3 M$ et 871,6 M$ respectivement », précise l'éditeur SaaS qui prévoit une augmentation de ces coûts et dépenses dans les prochains mois. « Nous avons l'intention de continuer à investir des ressources importantes pour développer davantage notre plate-forme et élargir nos équipes de vente, de marketing et de services professionnels », explique-t-il.
De Bob Muglia à Frank Slootman
En mai 2019, le CEO de Snowflake Bob Muglia, vétéran de Microsoft, avait passé le témoin à Frank Slootman, ancien CEO de ServiceNow. Cette transition avait alors été décryptée comme le prélude à une prochaine IPO. Le conseil d'administration de l'éditeur a souligné le rôle joué par Bob Muglia, « ses efforts soutenus et son implication » dans la construction de l'activité et de la réputation de la société au cours des 5 années de son mandat. L'ex-CEO détient 3,3% des parts de la société, Frank Slootman 5,9% et le co-fondateur Benoît Dageville 3,4%. Au total, treize membres de l'équipe de direction réunissent ensemble 33,8% du capital. Parmi les investisseurs, Sutter Hill Ventures (Michael Speiser) est le principal fonds actionnaire de Snowflake, détenant 20,3% des parts, suivi d'Altimeter Partners Fund, 14,8%, d'Iconiq Strategic Partners, 13,8%, de Redpoint Ventures, 9% et de Sequoia Capital Growth Fund, 8,4%. L'introduction en bourse est menée par Goldman Sachs et Morgan Stanley.
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