Le Huwai Mate 60 Pro est le premier smartphone embarquant une puce chinoise 5G en 7 nanomètres. (Crédit photo : Huawei)
Huawei a lancé fin août le Mate 60 Pro, le premier smartphone équipé d'une puce chinoise gravée en 7 nanomètres conçue par son compatriote SMIC. Une prouesse technologique, si elle n'a pas été réalisée en contournant les restrictions d'exportation de technologies américaines qui ciblent Huawei et le marché chinois.
Les sanctions que les Etats-Unis ont imposées à Huawei en 2019 ont fait progressivement plonger ses livraisons de smartphones. Désormais surtout réalisées en Chine, elles n'auraient représenté que 2 % du marché mondial en 2022 (Source : Canalys), contre 13,5 % en 2020 (Source : Gartner). Toutefois, cette période de vache maigre pourrait prendre fin, si l'on se fie à l'analyse de nos confrères du média taïwanais Digitimes. La condition de cette renaissance façon phénix serait que l'alliance de Huawei avec SMIC (Semiconductor Manufacturing International Corp), un fabricant chinois de processeurs capable de déployer un procédé de fabrication proche des 7 nanomètres, porte ses fruits. Or, ce partenariat semble avoir débouché sur sa première concrétisation avec le lancement du Huawei Mate 60 Pro le 31 août dernier.
Des connexions 5G aussi rapides qu'avec des modems Qualcomm
Ce terminal est le premier produit embarquant une puce chinoise 5G en 7 nanomètres. D'ailleurs, la présence de ce SoC Baptisé Kirin 9000S et sa finesse de gravure ont été vérifiées par TechInsights, un site spécialisé dans les semiconducteurs. « La découverte d'une puce Kirin utilisant le processus de fonderie 7 nm (N+2) de SMIC dans le smartphone Huawei Mate 60 Pro démontre les progrès techniques que l'industrie chinoise des semi-conducteurs a pu réaliser sans outils de lithographie EUV », a déclaré Dan Hutcheson, vice-président de TechInsights. De son côté, l'agence Bloomberg a effectué de tests qui montrent que la connexion 5G offert par le Kirin 9000S serait aussi rapide que celle atteinte avec les modems Qualcomm.
La question que pose l'existence d'un processeur chinois gravé en 7 nanomètres est de savoir comment SMIC est parvenu à le fabriquer sans faire appel à des technologies américaines. Ce n'est en effet qu'à cette condition que le fondeur chinois peut fournir sa puce Kirin 9000S à Huawei, tout en restant dans le cadre des sanctions américaines. En pratique, elles prévoient que les fabricants américains, comme les groupes étrangers qui exploitent des équipements made in U.S., ne puissent fournir Huawei sans autorisation. Sans compter que les Etats-Unis ont interdit depuis 2022 les exportations vers la Chine d'équipements nécessaires à la production des puces les plus perfectionnées.
Des sénateurs américains veulent encore renforcer les sanctions
Pour certains sénateurs américains, il semble quasiment acquis que SMIC, et par la même occasion Huawei, ont violé les sanctions. « Cette puce ne pourrait probablement pas être produite sans la technologie américaine et SMIC pourrait donc avoir violé la règle sur les investissements directs à l'étranger du département du commerce », a déclaré le sénateur républicain Mike Gallagher. Il appelle désormais à mettre fin à toutes les exportations de technologies vers Huawei et SMIC. Les résultats de l'enquête que vient de lancer le département du commerce américain seront sûrement décisifs dans la nature de la réponse états-unienne.
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