La possible acquisition de VMware par Broadcom en laisse plus d'un perplexe. Selon Michael Warrilow, analyste chez Gartner, les partenaires de l'éditeur ont tout intérêt à avoir un "plan B" dans le cas où tout ne se passerait pas comme prévu. (Crédit Photo : VMware DR)
Au regard des transactions précédentes réalisées par Broadcom, qui se sont mal passées tant pour le personnel que pour les partenaires, un analyste recommande aux partenaires de VMware de prévoir « un plan de secours ».
L'analyste et vice-président de Gartner, Michael Warrilow, conseille aux partenaires de VMware d'envisager un « plan de secours » au cas où l'acquisition de VMware par Broadcom, pour 61 milliards de dollars, ne se passerait pas bien. Annoncée la semaine dernière et confirmée quelques jours plus tard, cette méga-opération devrait, selon le fabricant de puces, « fournir aux entreprises clientes une plate-forme élargie de solutions d'infrastructures critiques ». Michael Warrilow invite aussi les partenaires de VMware à faire preuve de prudence et de bien évaluer l'impact de l'acquisition dans leurs décisions, leur recommandant même de prévoir un plan de secours si les choses tournaient mal. « Les partenaires devraient faire le point sur leurs investissements dans VMware, demander des garanties sur les feuilles de route et sur la hausse des prix, mais aussi se préparer à toute éventualité, surtout pour les clients qui auront du mal à quitter VMware », a-t-il déclaré.
« Même s'il s'agit uniquement de se préparer, cet avertissement donne une idée de ce qui pourrait se passer si Broadcom ne faisait pas les choses correctement », a ajouté l'analyste. Par exemple, Michael Warrilow a déclaré que l'acquisition pourrait faire basculer VMware dans un modèle par abonnement « agressif », ce qui, selon ses prévisions, nuirait aux revendeurs. Rajesh Muru, analyste principal pour le cabinet d'études GlobalData, a fait remarquer que l'acquisition permettrait à VMware d'accéder au réseau de partenaires de Broadcom, fort de 35 000 personnes, et de développer son activité de sécurité. « En termes de « besoins et d'attentes » et de création de valeur métiers, les défis du marché auxquels doivent répondre les RSSI obligent Broadcom à maintenir un modèle de partenariat le plus optimal possible pour soutenir le portefeuille de cybersécurité de VMware », a déclaré l'analyste de GlobalData.
Par ailleurs, la compatibilité entre une entreprise essentiellement centrée sur le hardware, comme Broadcom, et une entreprise de services logiciels, comme VMware, en laisse plus d'un perplexe. L'annonce a « déjà soulevé des questions sur l'acquisition, au motif que Broadcom et VMware ne sont pas compatibles », a affirmé Chris Drake, expert principal de l'innovation informatique et des logiciels mondiaux chez GlobalData. « Les principales questions concernant l'acquisition portent sur la nature du processus par lequel VMware sera intégré à la division logicielle de Broadcom et sur la façon dont Broadcom pourrait modifier, voire céder, les solutions VMware existantes, ou changer la dynamique des relations entre VMware et ses clients ou partenaires », a-t-il déclaré. « Broadcom prévoit d'intégrer VMware dans sa division logicielle existante, qui fonctionnera sous la marque VMware. Par la suite, VMware représentera environ la moitié de l'activité logicielle de Broadcom », a-t-il ajouté. « Cependant, toute volonté future d'améliorer la rentabilité pourrait également se faire au détriment des employés. Le plan de Broadcom pour stimuler la rentabilité de VMware semble indiquer de probables licenciements », a encore déclaré Chris Drake. « Même la perspective de licenciements est suffisante pour amener les employés à s'interroger sur leur avenir au sein de l'entreprise. D'autres employés de VMware peuvent choisir de partir en réponse à l'évolution des conditions et des modalités de travail », a ajouté M. Drake. Michael Warrilow est d'accord sur ce point. Il pense que les licenciements toucheront la force de vente et le back-office, « un classique quand un gros poisson rachète un autre gros poisson ».
Et ce ne serait pas surprenant, car Broadcom a déjà procédé à des licenciements au niveau local après ses acquisitions. C'est qu'a déjà fait le fournisseur avec CA Technologies en novembre 2018 et avec Symantec en novembre 2019, quelques mois seulement après leur acquisition en juillet 2018 et août 2019, respectivement. Michael Warrilow a aussi déclaré que, du point de vue des revendeurs, Symantec et CA Technologies étaient susceptibles de tomber sous le parapluie des partenaires VMware. « Ce sera intéressant de voir comment ça se passe côté hardware. Il est évident que Broadcom est positionné sur le marché des semi-conducteurs, or VMware a aussi travaillé sur l'optimisation du hardware », a encore déclaré l'analyste. « Ils ont travaillé sur les puces Arm, mais VMware a également travaillé sur les smartNICs, ce qui pourrait constituer un point de synergie. Il y a aussi la sécurité Symantec Security et la gestion de CA, deux domaines également adressés par VMware. L'ensemble de ces activités seront regroupées sous la marque VMware. Tout dépendra de la stratégie adoptée par Broadcom ».
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