Qu'est-ce qui motive le rachat de Veritas Data Protection par Cohesity ?

CEO et président de Cohesity, Sanjay Poonen a travaillé une quinzaine de mois pour finalisation la proposition de rachat de Veritas. (Crédit S.L.)

CEO et président de Cohesity, Sanjay Poonen a travaillé une quinzaine de mois pour finalisation la proposition de rachat de Veritas. (Crédit S.L.)

Quelques semaines après l'annonce de l'acquisition de l'activité sauvegarde de Veritas par Cohesity, nous avons pu rencontrer l'équipe dirigeante à San José, en Californie, pour mieux comprendre la stratégie derrière l'opération financière.

Très attendu après l'annonce de sa proposition de reprise des activités sauvegarde de Veritas, Cohesity nous a expliqué sa stratégie lors d'un récent IT Press Tour dans la Silicon Valley. Sanjay Poonen, CEO et président de Cohesity après un passage remarqué chez VMware et SAP, a toutefois esquivé nos nombreuses questions sur le rachat de NetBackup, à savoir comment seront traités les clients historiques de Veritas, combien de temps Cohesity assurera le support de NetBackup, une convergence des solutions Cohesity et Veritas est-elle à l'ordre du jour ? Pour des questions de réglementations (la finalisation de l'acquisition est attendue fin 2024), le dirigeant a écarté nos interrogations pour simplement nous préciser " nous allons créer une grande entreprise lorsque la transaction sera terminée [..] nous sommes encore dans le processus. La société sera cohérente, nous n'achetons que la division NetBackup de Veritas; nous avons travaillé dessus pendant 15 mois. C'est l'un des accords les plus créatifs du secteur de la protection des données - estimé à 30 milliards de dollars - dans la manière dont elle est structurée".

Pour la partie stratégie sur le marché de la sécurité, de l'analyse et de la gestion des données, Sanjay Poonen mise - sans grande surprise - sur l'IA : " nous serons un nouveau leader de la sécurité et de la gestion des données alimentées par l'IA". Qu'il s'agisse de l'intelligence économique traditionnelle ou de la simple recherche de données, les sauvegardes sont une mine d'or pour l'IA. Avec le rachat de Veritas, le dirigeant estime qu'une entreprise spéciale va se former qui pourra faire trois choses : gérer, sécuriser et fournir des informations sur les données secondaires, puis éventuellement sur les données primaires. "Notre objectif est de faire en sorte que toutes ces données puissent un jour être intégrées à la plateforme, tout comme Oracle voulait qu'un jour toutes ces données soient intégrées à la base de données Oracle. Si nous avons conclu cet accord avec Veritas, c'est en partie à cause des centaines d'exaoctets de données sauvegardées sur la plateforme et cela offre une énorme quantité d'opportunités. Pour gérer des données sécurisées et des connaissances plus développées. Nous serons 100 fois plus grands que presque tous nos concurrents".



La combinaison des actifs de Veritas et de Cohesity crée un géant dans le domaine de la protection des données.

Une IPO à venir 

Reste que les deux acteurs Cohesity et Veritas ne sortent pas vraiment du même moule : Cohesity a été lancé en 2013 par Mohit Aron, un des cofondateurs de Nutanix pour réconcilier stockage primaire et secondaire avec une solution censée réduire la fragmentation des back-ups en misant sur le cloud. De son côté, Veritas est un des acteurs historiques de la sauvegarde, qui a connu son heure de gloire avec la montée en puissance d'Oracle avant de végéter dans l'ombre de Symantec, alors que Veeam a habilement profité de la déferlante VMware et que Rubrik - le cousin honni de Cohesity - a surfé avec talent sur la vague du cloud. Avec le rachat de Veritas, Cohesity tient une forme de revanche sur un marché fort disputé. En aparté, nous avons toutefois appris que si Cohesity a pu compter sur le soutien financier de Softbank pour racheter Veritas, détenu par le fonds Carlyle Group, ce dernier avait fait le tour des acteurs du secteur pour céder sa participation.

Cohesity s'est montré le plus intéressé, mais uniquement pour la partie protection des données, le système de fichiers journalisé de Veritas (VxFS) ne l'intéressait pas puisqu'il avait déjà le sien, tout comme la suite Cluster File System (VxFS avec Veritas Volume Manager) ou encore Veritas Cluster File System (or VxCFS). Carlyle a créé une entité dédiée baptisée DataCo pour accueillir les actifs InfoScale, Data Compliance et Backup Exec qui n'iront pas chez Cohesity. DataCo sera dirigée par Lawrence Wong, actuellement vice-président chargé de la stratégie et des produits chez Veritas. Dans l'accord, Carlyle devient un actionnaire de référence de Coehsity au côté de Softbank Vision Fund, Sequoia Capital, Wing Venture Capital, Premji Invest et patientera jusqu'à une introduction en bourse pour "rentrer dans ses frais". Une opération que son concurrent Rubrik vient d'ailleurs de lancer après plusieurs mois d'atermoiements.



La feuille de route de Cohesity laisse encore quelques questions sans réponses. 

La mise au point du CFO

En complément, le CFO de Cohesity Eric Brown nous a indiqué que les marques comme NetBackup seront conservées pour la commercialisation. L'idée est toutefois de progressivement amener les clients de Veritas à migrer sur la plateforme de sauvegarde en mode HCI. " Nous n'allons pas forcer les clients à migrer", a assuré le dirigeant, " nous n'allons pas mettre fin à la vente ou au support de NetBackup. Nous allons présenter la proposition de valeur (adopter notre architecture HCI) à la base de clients Veritas , le coût total de possession et l'opportunité d'accéder à notre portefeuille de sécurité avancée et aussi d'activer l'IA".

Certains connecteurs de Veritas, comme celui pour Sybase, pourront potentiellement être utilisés par Cohesity. "Beaucoup de systèmes sont encore exécutés sur Sybase et nécessitent dans certains cas une sauvegarde sur bande. Et, comme chaque fournisseur a son propre format de sauvegarde optimisé pour la vitesse, l'efficacité, la densité... nous construirons un utilitaire de traduction de format de fichiers. C'est un point vraiment très important, car c'est une technologie très adhérente. Mais une fois que nous aurons accès au format de fichier propriétaire, nous serons en mesure de créer une traduction automatisée. Ainsi, si les clients veulent prendre toutes leurs données d'un seul coup et les rendre compatibles avec notre solution épaulée par l'IA, ils pourront les traduire de manière beaucoup plus automatisée". La valeur totale combinée du nouveau Cohesity, une fois l'accord conclu, sera de 7 milliards de dollars environ. 5 500 personnes seront regroupées dans Cohesity une fois l'acquisition finalisée pour un chiffre d'affaires de 1,6 milliard de dollars, profitables avec une marge de 27% (Ebitda) selon les projections réalisées. " Ce que nous achetons est deux fois plus gros que nous en termes de chiffre d'affaires", avoue le CFO pour expliquer ce grand bond pour Cohesity.



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