Paul Hermelin P-dg de Capgemini : « la révolution actuelle, c'est le big data »

Les SSII sauront-elles traverser la crise et même en profiter pour rebondir ? Réponses avec le P-dg de Capgemini, Paul Hermelin (*) qui parle aussi bien de son entreprise que de la profession en général.

La crise ?

«2012 fut une année charnière, on s'est remis en marche avant » résume Paul Hermelin parlant des résultats de Capgemini. Tout n'est pas limpide pour autant. Selon lui, il faut tenir compte, quand on est une SSII de l'équilibre entre la compétitivité de ses coûts et la qualité voulue par le client. Des clients qui se comportent de moins en moins en donneurs d'ordre et de plus en plus en sélectionneur de partenaires. Les SSII doivent se montrer davantage pro-actives. C'est donc une double tendance à laquelle sont confrontées les SSII : la bagarre sur les prix qui continue et la prime à l'innovation donnée par les clients.

Quel est le challenge pour les SSII ?

La France est le pays d'excellence des acteurs du service, qu'il soit informatique ou financier. Les sociétés de services maintenant doivent venir avec des idées pro-actives
. On appelle ça la transformation digitale, le digital absorbe tout et transforme tout, en particulier en proposant des services à l'usager.

«Dans l'IT, il y a une révolution tous les 2 ou 3 ans, il y a trois ans c'était le cloud, aujourd'hui le big data, dans trois ans je ne sais pas ce que ce sera »
. Même si on parle beaucoup de mobilité, la grosse demande se porte sur le big data. Le gouvernement anglais par exemple veut corriger l'évasion fiscale, ajouter des contrôleurs fiscaux supplémentaires ne mène à rien mais travailler ce sujet dans le cadre du big data peut être intéressant.

Les français sont innovants par nature, les petites sociétés réagissent, Cap aussi, il y a un génie français, « on mène la charge au niveau européen ».

L'autre grand défi pour les SSII européennes c'est de rester multi-culturelles face à des concurrents qui sont mono-culturels, par exemple IBM est attaché à son siège d'Armonk et à sa culture, les SSII indiennes à Bengalore et à leurs cultures, les européennes devront profiter de leur terre natale continentale pour être culturellement européenne, sans dépendre d'un pays et d'une ville en particulier.

Quel sont les challenges pour Cap ?

On est encore trop petits aux Etats-Unis, on est 17ème, c'est pas bon, même si on occupe la 3è ou 4è place sur les ERP. Le 1er chantier pour Cap, c'est d'investir aux Etats-Unis. On a fait ce qu'on avait à faire en Inde, on  a fait le gros du chemin en offshore, aujourd'hui le grand défi se situe du côté des solutions c'est-à-dire la maîtrise de la propriété intellectuelle, nos clients attendent de nous ces solutions.

Comment réagir aux stratégies d'achat draconiennes des grands comptes ?

C'est une double contradiction, avec d'un côté la massification à l'oeuvre chez les grands comptes et de l'autre leur volonté maintenant de sélectionner leurs partenaires sur des critères liés à l'innovation.  Paul Hermelin cite le cas de HSBC, client de Capgemini. Tous les deux ans, une confrontation très dure sur les tarifs les réunit, mais entre ces confrontations, Cap participe aux discussions internes et au projets sur l'innovation.

(*) Propos recueillis lors du débat du G9+ lundi soir, à partir d'une interview menée par Jean-François Perret.

 

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