Patrick Drahi a un gros challenge devant lui : redresser les comptes d'Altice lourdement endettée à hauteur de plus de 30 milliards d'euros. (crédit : D.R.)
Ayant repris en novembre dernier les commandes du groupe télécoms Altice qu'il a fondé, Patrick Drahi a annoncé la séparation de ses activités américaines et européennes. Une stratégie qui amène à séparer et ponctionner la filiale Altice USA pour renflouer la holding Altice NV, lourdement endettée sur le vieux continent.
Patrick Drahi retrousse les manches. De nouveau aux manettes d'Altice depuis novembre dernier, le dirigeant n'a désormais plus d'autre choix que de tout faire pour rassurer les marchés et éviter une catastrophe. Après avoir entamé une descente aux enfers depuis novembre, le groupe semble recouvrer peu à peu son énergie boursière, l'action étant passée de 7,32 euros le 8 décembre à 10,16 euros aujourd'hui, en début d'après-midi. Cette remontée sur les trente derniers jours n'a pas été le fruit du hasard mais a sans doute été portée par des annonces permettant à Altice de retrouver la confiance des investisseurs avec la cession de ses filiales suisse sans compter celle entourant un probable délestage des activités en République dominicaine du groupe.
La dernière annonce d'Altice permet de rassurer le marché et concerne la réorganisation de ses activités. Celle-ci doit déboucher d'ici fin juin 2018 sur la séparation de ses entités américaines et européennes. Concrètement, suite à un spin-off, Altice USA devient une filiale à 67,2% de la maison-mère Altice NV, tandis que cette dernière réduit sa voilure aux activités européennes en devenant Altice Europe. Cette séparation des activités, qui implique un management distinct à savoir Dennis Okhujisen pour diriger l'Europe, et Dexter Goei pour les Amériques, est comparable à un fonctionnement par business unit, où chaque entité est responsable de ses comptes sans possibilité de s'appuyer sur celle qui est profitable pour éponger les déficits... Du profit, Altice USA commence justement à en faire, et juste avant d'être scindée, cette spin-off versera à Altice Europe - en bien moins bonne situation - un dividende bienvenu de 900 millions d'euros.
Renforcer les liquidités, endiguer l'endettement
Le plus grand défi que Patrick Drahi doit relever est certainement celui du redressement des comptes d'Altice Europe, sachant que le groupe a réitéré son objectif de ne pas s'endetter au-delà de 4 années d'excédent brut d'exploitation. Endettée à près de 30 milliards d'euros, cette entité est restructurée en trois morceaux : Altice France (SFR Telecom et SFR Media notamment), Altice International (comprenant essentiellement les activités MEO au Portugal, HOT en Israël et Altice Dominican Republic qui devrait être cédée), ainsi qu'Altice Pay TV. « Altice France va annuler ses contrats de télévision payante existants pour le contenu, et les chaines sont en cours de transfert à Altice Pay TV qui deviendra un client d'Altice », a précisé l'opérateur dans un communiqué. « Avec le dividende de 900 millions d'euros d'Altice USA, le succès de ce programme de cession devrait entrainer un désendettement significatif d'Altice Europe et renforcerait ses liquidités ».
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