Orange veut pousser ses seniors à la retraite

Un nouveau plan de départs volontaires pour les seniors est en préparation chez Orange après celui qui s’est parachevé en 2022. (Crédit : Orange Business)

Un nouveau plan de départs volontaires pour les seniors est en préparation chez Orange après celui qui s’est parachevé en 2022. (Crédit : Orange Business)

La direction de l'opérateur télécoms Orange est actuellement en négociation avec les principaux syndicats pour relancer un dispositif de temps partiel seniors qui pourrait concerner jusqu'à 8 000 salariés en France, sur un effectif de 65 000 employés. Les syndicats y voient un plan de départs déguisé dans un contexte de climat social tendu.

Orange prépare un nouveau plan de départs anticipés pour ses salariés seniors, qui pourrait concerner entre 6 000 et 8 000 collaborateurs en France sur la période 2025-2028, soit 10% de ses effectifs, selon nos confrères du Monde. Le 7 novembre, lors d'une réunion avec les syndicats organisée dans le cadre des négociations triennales sur la gestion des emplois et des parcours professionnels (GEPP), Vincent Lecerf, le directeur des ressources humaines d'Orange a évoqué la mise en place d'un dispositif TPS pour temps partiel senior, qui avait déjà été mis en place en 2022 par l'opérateur télécoms. Il s'agit d'un dispositif de temps partiel précédant un départ en retraite ouvert aux personnels éligibles à la retraite et ayant plus de 15 ans d'ancienneté dans le groupe. Olivier Berducou, délégué syndical central CFDT d'Orange, nous explique : « il peut être activé par le salarié cinq ans avant son départ à la retraite, La première année est travaillée à 50 % et rémunérée à 70 %. Les quatre suivantes sont libérées et payées à 60 %, avec un minimum de rémunération garanti. »

Selon le responsable syndical, les discussions en cours, confirmées par la direction du groupe, doivent se terminer en janvier. « En France, près de 10% des salariés s'étaient déclarés favorables au dispositif TPS surtout ans les toutes dernières semaines de 2022 », nous rappelle Olivier Berducou, 7 600 salariés d'Orange France, seule entité concernée, avaient activé leur TPS. En dix ans, les effectifs d'Orange en France ont fondu d'un tiers pour tomber à 65 000 salariés, avec une moyenne d'âge tournant entre 45 à 50 ans. La CFDT et la CFE-CGC d'Orange craignent une surcharge de travail pour les équipes restantes alors que des recrutements sont nécessaires. « En 2019, la direction avait mis en place un plan de départ sous la forme d'un TPS, largement adopté par les salariés, dont l'impact en termes de réductions d'effectifs touche à sa fin », nous confie Sébastien Crozier, président de la CFE-CGC, premier syndicat chez Orange. Pour lui, cette année, si le dispositif séduit un nombre moins élevé de collaborateurs, on peut s'attendre à un plan déguisé pour pousser les plus âgés vers la sortie.

Quatre suicides depuis début octobre

Dans l'IT, ce plan pourrait impacter entre autres les équipes ayant participé à la modernisation des réseaux, dans les années 80. Et ce sans compter un coût de 1,4 Md€ par an, largement sous-estimé. « La réforme des retraites, avec son recul de l'âge légal de départ, a allongé la période d'indemnisation des salariés et provoqué un large dépassement de budget du dispositif », analyse Sébastien Crozier. Pour lui, cette mesure s'inscrit dans un climat social tendu après une recrudescence des suicides, selon le syndicaliste. « L'absence de sens du plan stratégique qui n'apparait que comme un plan financier, et la violence sociale qui l'accompagne ont fortement dégradé le climat social, déplore ce dernier, ajoutant constater un mal être au travail ces deux dernières années. »

« Depuis le 1er octobre 2024, une dizaine de gestes désespérés ont été recensés et quatre de nos collègues se sont donné la mort. Il y a quelques jours l'un des suicides à Rennes du périmètre d'Orange Business - où a eu lieu le premier plan de départs volontaires du l'histoire de France-Télécom Orange - a été reconnu par la CPAM comme accident du travail, ouvrant la voie à une nouvelle procédure pénale dans un contexte de crise sociale meurtrière, nous relate le président de la CFE-CGC. » Contacté, le service communication d'Orange nous a indiqué qu'un nouveau temps partiel senior avait été proposé à la demande des syndicats pour répondre à une forte demande des salariés. « Il ne s'agit pas d'un plan social ou d'un plan de départ volontaire, mais bien d'un projet de pré-retraite similaire à celui que nous avons connu ces dernières années et qui a été un grand succès. [...]. »

La direction du groupe se dit à l'écoute

Selon l'opérateur télécoms, les négociations couvrent divers sujets : l'insertion des jeunes, le recrutement, la formation, la transmission des savoirs, les dispositifs pour les personnes en milieu de carrière et le temps partiel senior. La partie seniors fait donc partie d'un ensemble. La direction d'Orange assure être « dans une approche d'écoute de l'ensemble de nos collaborateurs et de leurs attentes en matière de parcours professionnels. Elle indique « mettre une attention particulière sur la prévention et l'accompagnement de tous les risques psychosociaux que peuvent générer les changements dans une entreprise. »

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