Après la mise sous procédure de sauvegarde de Numergy, « c’est aux actionnaires de se mettre d’accord pour assurer la pérennité de l’entreprise, à eux d’assumer leurs responsabilités », nous a indiqué Philippe Tavernier, son président exécutif. (LMI)
La société Numergy, opérateur de services cloud IaaS, s'est tournée vers le Tribunal de Commerce afin de disposer de six mois pour sortir des difficultés qu'elle rencontre. La procédure de sauvegarde accordée lui permet de geler ponctuellement ses dettes. Philippe Tavernier, président exécutif de Numergy, soutient plus que jamais ses équipes et enjoint les actionnaires à prendre leurs responsabilités.
Le fournisseur français de cloud public Numergy est sous procédure de sauvegarde depuis le 13 octobre dernier, ainsi que nous l'a confirmé le Tribunal de commerce de Bobigny. Cette procédure est une démarche préventive demandée par le représentant légal d'une entreprise rencontrant des difficultés afin que celle-ci puisse se réorganiser avant toute cessation de paiement. Elle permet en particulier de geler temporairement les dettes. « Nous continuons à vivre comme précédemment et à servir nos clients, la procédure vise à sauvegarder l'activité, en donnant du temps à l'entreprise, un peu comme le Chapitre 11 aux Etats-Unis », nous a indiqué par téléphone Philippe Tavernier, président exécutif de Numergy, en soulignant que ce type de procédure gelait ponctuellement les dettes et qu'elle avait ici une durée de six mois. « Je suis en charge de la direction exécutive et je continue à mobiliser les équipes », a ajouté le dirigeant. « C'est aux actionnaires de se mettre d'accord pour assurer la pérennité de l'entreprise, à eux d'assumer leurs responsabilités ». Lui continue à « soutenir les talents des équipes » de Numergy qui compte actuellement 72 salariés. Philippe Tavernier reconnait toutefois que la période n'est « pas géniale ».
En septembre dernier, sur fonds de rumeur d'un désengagement de l'Etat au capital de Numergy, le président exécutif de Numergy nous avait indiqué qu'il avait alors toujours le soutien de la Caisse des dépôts et des autres actionnaires du fournisseur que sont Bull-Atos et SFR-Numéricable. « Ce qui m'importe, c'est de satisfaire les clients et de développer notre offre », avait alors pointé le dirigeant.
Contactée par la rédaction, la société SFR-Numéricable a répondu qu'elle ne faisait aucun commentaire à ce stade. Au moment où nous publions, nous n'avons pas encore la réponse d'Atos.
Le IaaS, encore un marché naissant...
« Le cloud, beaucoup de monde en parle à tort et à travers », nous a encore rappelé ce matin Philippe Tavernier en soulignant que le IaaS (Infrastructure as a service), en particulier, est un marché « naissant et émergent » et que Numergy n'a pas d'activité de cloud privé, comme d'autres fournisseurs. Il ne faut pas prendre les vessies pour des lanternes, remarque-t-il. Le passage des clients vers l'externalisation n'est pas encore culturellement mûr dans les grandes entreprises.
Néanmoins, le marché français du IaaS décolle, confirme Philippe Tavernier, « mais nous sommes encore sur de petites volumétries ». Numergy compte aujourd'hui plus de 600 clients, dont beaucoup de petits volumes, en particulier sur le stockage. « Et je constate que le marché du cloud n'est pas non plus toujours évident chez les concurrents. Regardez au niveau global, IBM qui dévisse », fait remarquer le dirigeant. « Pour Numergy, ce marché se développe tous les jours. Nous donnons des cours à l'Epita, nous avons une plateforme OpenStack qui fonctionne depuis un an, alors que d'autres viennent de démarrer. » Par exemple, OVH s'est lancé sur OpenStack il y a quelques mois.
... et largement surévalué d'après Numergy
En septembre, le président exécutif avait précisé que la société avait réalisé une croissance de 78% et prévoyait 6 millions d'euros de chiffre d'affaires pour l'année en cours (contre 2 M€ en 2014). Sur 2016, Numergy vise 10 M€. Philippe Tavernier avait également insisté sur le fait que le marché français du cloud IaaS (infrastructure as a service) avait été largement surévalué, estimé à 440 M€ alors qu'il n'était que de 220 M€. Les prévisions initiales de croissance faites pour Numergy avaient dès lors été beaucoup trop élevées pour un marché français du IaaS qui a démarré il y a peu.
Enfin, Philippe Tavernier fait remarquer que c'est également important d'avoir des offres européennes et françaises au moment où la Cour de Justice européenne vient d'invalider l'accord de Safe Harbour. Ce dernier définissait les Etats-Unis comme un territoire sûr pour les données personnelles et des milliers d'entreprises s'y référaient pour déplacer ce type de données outre-Atlantique. Les entreprises françaises vont donc devoir trouver des alternatives. L'offre cloud de Numergy permet aujourd'hui de provisionner des machines virtuelles et de stocker des données à l'usage. La société a développé des offres dédiées pour les entreprises, les start-up, les éditeurs de logiciels, le secteur public et la santé.
Suivez-nous