Sur les 17,9% de croissance du marché du SaaS en 2023, 8,7% proviennent de l’inflation des tarifs des éditeurs. Et, selon Vertice, il faut aussi compter avec les tactiques contractuelles de ces derniers, visant à gonfler leur chiffre d’affaires. (Photo : Foto-Rabe/Pixabay)
L'inflation annuelle sur le SaaS atteint 8,7% en 2023. Environ les trois-quarts des éditeurs ont augmenté leurs tarifs en 2023.
En 2023, les dépenses dans le SaaS ont augmenté de 17,9%, pour tutoyer les 200 Md$ de dépenses, selon le Gartner. « En termes plus pratiques, pour un responsable financier, cela représente environ 7 900 dollars (7 265 euros) par employé, contre 6 220 dollars en 2022 », écrit Vertice avec son rapport intitulé « SaaS inflation index ». « Cette augmentation est incroyablement forte - 27 % de plus qu'en 2022 - et résulte des réductions d'effectifs, de la croissance des dépenses en nouveaux logiciels et de l'impact de l'inflation du SaaS », reprend le cabinet britannique, qui tente justement d'isoler la part de cette envolée des dépenses résultant simplement de l'inflation des tarifs pratiqués par les éditeurs.
+12% en moyenne chez les éditeurs qui ont augmenté leurs prix
Selon le rapport, l'inflation annuelle sur le SaaS atteint 8,7% en 2023. Autrement dit, la moitié de la progression de la dépense des entreprises sur le sujet provient des hausses de prix des éditeurs. « Près des trois quarts (73 %) des éditeurs de logiciels ont augmenté leurs prix au cours des 12 derniers mois, soit 1 % de moins qu'en 2022, mais nettement plus qu'en 2021, année où la moitié des éditeurs avaient augmenté leurs prix (56 %) », détaille Vertice. Parmi ceux qui ont augmenté leurs tarifs, la hausse des prix moyenne atteint 12%, bien au-delà du taux d'inflation constaté dans les principales économies dans le monde.
En France, la progression des prix du SaaS est 1,8 fois plus rapide que celle de l'indice des prix à la consommation. Un niveau voisin de la moyenne. (Source : Vertice)
« L'inflation du SaaS est plus élevée que celle des biens de consommation, ce qui signifie que le coût des SaaS augmente beaucoup plus rapidement (avec un écart de 68 %) que le coût des biens en général. Cette évolution est nettement plus rapide qu'en 2022, où l'inflation des SaaS était certes supérieure à l'inflation des prix à la consommation (+20 %), mais de façon moins marquée », commente le cabinet. Par exemple, pour la France, l'inflation du SaaS est 1,8 fois plus rapide que celle des prix à la consommation sur l'année 2023. Le facteur multiplicateur est même plus élevé pour des pays à l'inflation faible, comme l'Espagne, les Etats-Unis ou le Canada.
Selon Vertice, les logiciels spécialisés dans les ventes et la finance ainsi que les outils de productivité sont ceux qui subissent les hausses de prix les plus importantes (avec une inflation moyenne au-dessus de 10%). Des segments notamment frappés par les hausses de prix de Microsoft (+15%) et de Salesforce (+10%). A l'inverse, dans les RH et le marketing, les hausses de prix sont plus modérées (à 7% ou moins).
Opacité des tarifs
Par ailleurs, pour Vertice, l'autre partie de la progression des dépenses dans le SaaS ne provient pas intégralement de la hausse des usages. Elle comprend aussi une part de 'shrinkflation'. Selon le cabinet, le SaaS comprend « une constellation complexe de packages, d'offres groupées et d'accords de licence qui rendent sa compréhension plus difficile. La "shrinkflation" tire parti de cette confusion, les fournisseurs employant une poignée de nouvelles tactiques pour augmenter leurs revenus sans procéder à des augmentations de prix évidentes », écrit Vertice, pour qui 57% des éditeurs ont recours à des manoeuvres visant à réduire la transparence sur leurs tarifs. « Plus la tarification d'un fournisseur est opaque, complexe et divergente, plus la probabilité d'augmentation de ses tarifs est élevée », écrit le cabinet dans son rapport.
Cette shrinkflation peut prendre plusieurs formes. Le bundle permet ainsi de vendre aux entreprises des fonctions qu'elles n'auraient pas acheté sinon. Le dégroupage revient, à l'inverse, à facturer individuellement chaque module, conduisant à un accroissement de la facture finale (par exemple, en facturant les licences limitées à la visualisation alors qu'elles étaient auparavant incluses dans la plateforme). Sans oublier les tactiques consistant à limiter l'utilisation des crédits à une certaine période ou l'incapacité de réduire le nombre de licences durant la durée du contrat. Autant de tactiques que la DSI se doit de décrypter pour en anticiper les conséquences et mieux négocier ses contrats.
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