La division Accenture Technologies Services s'apprête à vivre le premier mouvement social de son histoire. (Crédit : Accenture France)
C'est une chose inédite. Les syndicats CGT et CFE-CGC de la filiale informatique Accenture Technology Solutions appellent à une journée d'action jeudi 5 octobre. Ils protestent contre le refus de la direction d'augmenter les bas salaires lors des négociations annuelles obligatoires alors que l'entreprise est largement profitable.
Avec une inflation prévue à 5 % en 2023, de fortes attentes pèsent en France sur les négociations salariales et peuvent conduire certaines entreprises au conflit social. C'est le cas d'Accenture Technology Solutions (ATS) qui connaît la première mobilisation de son histoire au niveau national. A l'initiative des deux premiers syndicats de l'entreprise, la CFE-CGC et la CGT, les quelque 2 000 salariés que compte la filiale informatique du géant du conseil Accenture sont appelés à débrayer ce jeudi 5 octobre. Parmi eux, 600 employés du centre de services technologiques de Nantes sont prêts à tenir le piquet de grève devant le site de production. Les salariés d'ATS à Paris, Angers, Brest ou Toulouse ainsi que ceux en télétravail sont également invités à débrayer le même jour pendant une heure.
Ce mouvement inédit fait suite au refus de la direction d'accorder des augmentations de salaires en 2024 lors de négociations annuelles obligatoires (NAO) qui ont eu lieu vendredi dernier. « Cette année, la revalorisation est de 0 % et cela concerne 90 % des collaborateurs de l'entreprise qui n'ont pas été promus », nous apprend Alexandre Bugeaud, délégué syndical CFE-CGC d'ATS France. Ceux qui subissent le plus l'inflation sont les développeurs et les testeurs mais aussi les fonctions de support, commerciaux, chefs de projet ou équipes RH dont les salaires sont inférieurs à la moyenne du marché » déplore le syndicaliste. Les revendications portent également sur la revalorisation du budget consacré à la mobilité durable (financement du co-voiturage, achats de trottinettes et remboursements des frais de transport). « Ces demandes restent lettre morte alors que l'entreprise considère l'environnement comme l'un de ses axes stratégiques », nous confie le syndicaliste.
Bas salaires pour les uns, primes pour d'autres
Dans le même temps, les résultats financiers du groupe sont positifs. En effet, au cours du troisième trimestre de 2023, la division technologique d'Accenture a enregistré un chiffre d'affaires mondial de 16 milliards de dollars, soit une progression de 4 % par rapport à l'année précédente. Le chiffre d'affaires de l'année fiscale 2023 est de 64,1 milliards de dollars (60,7 milliards d'euros), en progression de 4 % sur un an, et de plus de 20 % par rapport à l'année fiscale 2021. Seul bémol, la marge opérationnelle s'est repliée passant de 15,2 % à 13,7 % en 2023, tout en étant largement positive. La direction s'est justifiée auprès des représentants du personnel par un manque de visibilité financière pour l'année 2024.
Younes Zorkani, délégué syndical central de la CGT d'ATS dénonce « une politique salariale injuste pratiquée depuis plusieurs années par une entreprise en croissance au détriment des salariés qui perçoivent les salaires les plus bas, d'où une perte de leur pouvoir d'achat indépendamment du contexte inflationniste ». Ce dernier parle également d'une inégalité dans la répartition des richesses et de « primes exorbitantes accordées aux cadres dirigeants qui sont pourtant les mieux payés et qui réduisent les budgets ». En conséquence, le mouvement devrait se poursuivre avec un appel à manifester pour les salariés d'ATS et de la division Accenture SAS à Paris, et au niveau national le 13 octobre, date de la mobilisation nationale contre l'austérité. Contactée, la direction du groupe n'a pas été en mesure de communiquer sur le sujet à l'heure où nous publions ces informations.
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