Cinquante suppressions de postes sur 81 : c'est le tribut que Hummingbird France doit payer à la fusion avec OpenText, qui a racheté son concurrent dans la gestion de contenu cet été. En octobre dernier, la direction d'OpenText avait annoncé qu'elle supprimerait 15% des 3500 postes de la nouvelle entité, soit 525 emplois dans le monde. « Cela est nécessaire pour éliminer les redondances qui surgissent invariablement lorsque deux sociétés s'unissent », avait déclaré John Shackleton, le PDG d'OpenText. Mais ce mal nécessaire accompagnant chaque fusion-acquisition se déroule dans des conditions très particulières en France. Ainsi, alors que la fusion est opérationnelle (le standard de Hummingbird répond au nom d'OpenText, l'en-tête du papier a été changé...), l'interlocuteur de la direction reste le comité d'entreprise d'Hummingbird et seuls les salariés d'Hummingbird sont concernés par le plan de sauvegarde de l'emploi (PSE). Du reclassement en Poitou-Charentes ? Tout devait apparemment se passer très vite (le responsable des ressources humaines mondiales d'OpenText ne manque d'ailleurs pas de signaler chaque semaine par email la fermeture de tel ou tel bureau dans le monde). Après l'annonce d'octobre, le CE approuve le PSE, et la direction de Hummingbird résilie les baux immobiliers (avec effet fin janvier) et contrats de leasing pour les véhicules. Mais la grogne monte chez les salariés, dont beaucoup ne comprennent pas la passivité du CE, voire parlent de « collusion ». « Ils ont le même avocat », tempête un salarié. « Le CE a refusé de demander la nomination d'un expert-comptable », indique un autre. Un autre encore dénonce le miroir aux alouettes que constitue l'offre de la direction dans le cadre du PSE : « La direction propose 2,3 mois de salaire par année d'ancienneté, or c'est faux, car la part variable est importante. J'ai fait le calcul pour moi, cela revient à 1 mois par année ! » Cela vaut d'ailleurs aussi bien pour les commerciaux que pour les équipes réalisant l'intégration. Les critiques fusent également sur le choix du cabinet d'aide au reclassement, Multicibles, qui se définit lui-même comme le « n°1 du conseil en recrutement en Poitou-Charentes ». Décision en référé jeudi prochain Les collaborateurs de l'entreprise dénoncent par ailleurs la motivation économique du PSE. « La plupart des gens ont été augmentés en 2006, il y a une quarantaine de BMW dans le parking, on avait un train de vie qui ne ressemblait pas à une société en dépôt de bilan. » Tous les salariés que nous avons contacté mentionnent également le mécanisme d'optimisation fiscale concernant les revenus liés à l'activité connectivité d'Hummingbird : « les charges salariales sont en France, mais les revenus vont en Suisse, donc forcément, les comptes sont toujours négatifs ! » Pour les salariés, qui voient leurs produits arrêtés, les postes de marketing et de commerciaux supprimés dans leur quasi-totalité, « il s'agit de préparer la mariée, en réduisant les coûts, afin de pouvoir se vendre à un HP, Oracle ou autre ». Un salarié se porte donc volontaire pour devenir délégué syndical et, avec le soutien de la CFDT, informe l'inspection du Travail. Qui prononce la carence du PSE. L'inspection du Travail soulève en effet une dizaine de lièvres, à commencer par le fait que le PSE ne désigne pas des postes, mais des métiers (donc des personnes). Fort de ce constat, le représentant syndical attaque le CE et la direction des ressources humaines en référé : le tribunal de grande instance se prononcera jeudi. A l'heure où nous publions cet article, nous n'avons pas encore de réaction officielle de la part de la direction d'OpenText.
Le plan de sauvegarde de l'emploi de Hummingbird France devant le tribunal
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