Le français Moskitos récolte 2,5 M€ pour s'étendre à l'international

L'équipe de l'éditeur français d'iPaaS Moskitos, basé à Levallois-Perret, co-fondé par Bertrand Masson, Maxime Labelle, debouts à droite, et Jérémie Devillard. (crédit : D.R.)

L'équipe de l'éditeur français d'iPaaS Moskitos, basé à Levallois-Perret, co-fondé par Bertrand Masson, Maxime Labelle, debouts à droite, et Jérémie Devillard. (crédit : D.R.)

Spécialiste du PaaS d'intégration et de l'API management, l'éditeur français Moskitos vient de lever 2,5 millions d'euros pour soutenir son internationalisation. Des groupes comme L'Oréal, Peugeot, Sanofi ou Nextdoor utilisent sa plateforme Crosscut pour déployer leur SI au niveau mondial.

Moskitos, spécialiste français de l'Integration Platform as a service, de la gestion d'API et de la gouvernance de données, a su marquer sa différence sur un marché du PaaS d'intégration (iPaaS) préempté par les Américains, et où les éditeurs indépendants sont devenus rares. L'un des derniers pure players du secteur, Mulesoft, a été racheté très cher par Salesforce, en mars. « Nous apportons une vision indépendante, européenne et innovante », nous a décrit mi-juin lors d'un entretien Bertrand Masson, co-fondateur de la société en 2012 et responsable de sa stratégie. Il évoquait alors de « gros investissements dans les prochains mois pour accélérer en Europe et en Asie ». Quelques jours plus tard, l'éditeur co-fondé avec Jérémie Devillard, directeur des services de conseil, et Maxime Labelle, architecte des services managés, vient d'annoncer un tour de table de 2,5 M€ mené par CapHorn Invest. Les fonds levés alimenteront cette internationalisation. Yann Massot, directeur général, a rejoint en 2015 les 3 co-fondateurs.

Pour les grandes entreprises françaises, nombreuses à s'intéresser à la proposition technologique de Moskitos, on trouve L'Oréal, Peugeot, Valeo, CAFPI, Sanofi ou Nextdoor, l'arrivée au capital du fonds d'investissement apporte une garantie supplémentaire de pérennité. Sa plateforme iPaaS Crosscut permet de déployer mondialement le système d'information des clients, de façon rapide et sécurisée, en connectant les API en temps réel. Peugeot a ainsi démarré une application de marketing opérationnelle en 3 à 4 semaines, sur les marques PSA de 2 500 points de vente, pour garder le contact avec ses clients sur la phase après-vente. La solution s'appuie sur les e-wallets natifs des smartphones qui permettent une connexion avec l'outil de marketing pour envoyer des messages personnalisés, par exemple une réduction pour une révision ou une promotion sur des pneus neige.



La solution Crosscut vient compléter l'ESB et l'EAI. Pour Bertrand Masson, directeur de la stratégie de Moskitos, le rachat d'un Mulesoft par Salesforce met en exergue l'importance des iPaaS et souligne tout l'intérêt de s'appuyer sur un iPaaS existant plutôt que d'en redévelopper un. (Crédit : M.G.)





L'Oréal crée des flux entre son SI et des objets connectés L'Oréal, 1er grand groupe à s'engager avec Moskitos, a réalisé de nombreux projets avec l'iPaaS Crosscut dans sa bascule vers le cloud et l'exploitation d'objets connectés. A partir de la logique low code de sa solution, l'éditeur français a mis en oeuvre pour le groupe de cosmétique « un flux qui réutilise des artefacts existants », nous a expliqué Bertrand Masson. Ce peut être un mapping, un connecteur, un objet de transformation, détaille-t-il. « Nous prenons l'existant et nous avons avec Crosscut un cercle vertueux dans lequel tout va de plus en plus vite. Aujourd'hui, l'intégration avec le SI chez L'Oréal prend 2 heures », assure le dirigeant. Moskitos a ainsi couplé à des applications du SI les flux de données remontés du capteur cutané My UV patch qui permet d'évaluer la protection solaire la mieux adaptée à un type de peau. D'autres flux remontent des données de brosse à cheveux Withings. Stockées dans une base NoSQL, les data interprétées par un algorithme sont retournées à la brosse en moins de 3 minutes pour mesurer les effets des soins capillaires.

Du côté low code, « nous sommes dans une logique d'exécution, par rapport à la modélisation du BPM », rappelle-t-il en ajoutant par ailleurs qu'il est très important de ne pas enfermer les clients dans une technologie. De même sur l'hébergement. « L'iPaaS de Moskitos va pouvoir être hébergé sur n'importe quel cloud », pointe le directeur de la stratégie en citant Azure, prochainement Alibaba pour l'Asie, et d'ici la fin de l'année AWS et bientôt Google. « Le client pourra avoir des noeuds sur AWS, Alibaba, etc. pour garantir les performances mondiales de son SI ». En France, son partenariat historique avec Microsoft - avec lequel il fait du cross-selling - a fait de Moskitos un beta testeur des datacenters Azure récemment ouverts à Paris et Marseille.

Trois back-ends d'intégration et un portail Community

L'éditeur français a été repéré par Gartner sur le marché de l'iPaaS, notamment pour avoir été parmi les premiers « à dire que l'iPaaS et l'API management devait marcher ensemble, les premiers à être full hybride, pour le rapport qualité/prix et les feedbacks clients ». La plateforme Crosscut comporte un portail à destination des DSI, de la sécurité et du Devops, qui permet de développer des flux à partir des bibliothèques. Elle inclut trois back-end : l'intégration inter-applicative, la gestion d'API et le monitoring. « Nous avons notre API management mais nous n'imposons pas le choix à nos clients, nous pouvons travailler avec Axway par exemple », précise Bertrand Masson. « C'est un grand différentiateur par rapport à certains concurrents, nous respectons les choix pré-existants ».



Moskitos est intégré dans le Magic Quadrant iPaaS de Gartner. (agrandir l'image)

Sur la partie monitoring, Crosscut s'appuie sur une suite Elasticsearch qui permet à la DSI et aux métiers de vérifier le fonctionnement de la plateforme. « Beaucoup de choses sont automatisées, les clients achètent un service managé ». Depuis le printemps, Crosscut a complété son back-end d'un front-end, sous la forme d'un portail Community pour accompagner les DSI vers la transformation des métiers. « Nous sommes en self-service, le portail présente les données, les API, les flux qui sont à disposition ». Une façon d'éviter aux métiers de s'aventurer vers le shadow IT.

Donner un accès simple aux choses complexes

Avec la levée de fonds, outre l'internationalisation, Moskitos veut continuer à innover, sur le multi-cloud ou encore sur le low code où l'éditeur français prévoit de proposer des templates et des flux prédéveloppés entre les applications (Salesforce d'un côté, SAP de l'autre, par exemple), afin de « donner aux choses complexes un accès simple ». « C'est un marché de la donnée où il y a encore des choses à inventer », projette Bertrand Masson. « Il faut aller plus vite sur le Community Portal, aller chercher les lines of business, préparer le travail pour les métiers afin qu'ils y accèdent de façon autonome ». Par rapport à d'autres acteurs de l'iPaaS qui se bornent à fournir des outils, Moskitos va jusqu'à travailler avec de petites agences marketing pour peaufiner les interfaces présentées aux métiers.

Sur la maintenance aussi, l'éditeur français marque sa différence avec du clé en mains, en self-service, afin de ne pas avoir à maintenir en permanence. « Vous pouvez acheter 20 jours de maintenance sur Crosscut », à utiliser par les entreprises comme bon leur semble. Pour Moskitos, il est primordial de ne jamais verrouiller les entreprises, « pour qu'ils restent des clients et non des usagers », insiste Bertrand Masson. « En six ans, nous n'avons jamais perdu un client ».



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