LDLC, fondée et présidée par Laurent de la Clergerie, sera la première entreprise française à expérimenter la semaine de 4 jours en 2021. (Crédit : LDLC)
Le revendeur lyonnais LDLC a pris la décision de ne plus faire travailler ses salariés que quatre jours par semaine à partir de janvier 2021. Les modalités de mise en place restent à définir mais le fondateur du groupe est confiant sur la viabilité du modèle.
L'annonce ne devait pas être faite si tôt. Suite à la fuite d'un mail interne diffusé à l'ensemble des salariés de LDLC, le revendeur lyonnais a dû accélérer sa communication sur son passage aux 32 heures à partir de janvier 2021. Son président et fondateur, Laurent de la Clergerie, indique donc que tout n'est pas encore prêt et que des détails de mise en oeuvre sont à travailler. Ce qui est sûr, c'est que les salariés de LDLC seront payés sur la base d'un salaire de 35 heures mais ne travailleront que quatre jours dans la semaine.
M. de la Clergerie indique qu'il cherchait à améliorer le bien-être des salariés de LDLC. Il y a un an, il prend connaissance de l'expérience de Microsoft au Japon qui a testé la semaine de quatre jours pendant un mois, puis sur d'autres tentatives plus ou moins réussies partout dans le monde. « J'ai ensuite réfléchi au modèle par rapport à LDLC et pensé que ça devrait marcher », ajoute-t-il. « Pour l'entreprise il y a un coût, mais je considère que les gens seront plus reposés. Ils auront pour eux le fameux cinquième jour pour faire leurs courses sur internet pendant la journée par exemple, et seront plus efficaces les jours où ils sont là, puisque ce ne sera pas la même dynamique de travail. »
47 jours « off » pour tous, RTT supprimés pour les cadres
Dans les faits 800 salariés sur 1000 seront concernés dans un premier temps. Les filiales du groupe pourront maintenir les 35 heures si elles le souhaitent, mais si le modèle fonctionne, elles devront finir par s'y plier. Les employés des boutiques de Paris et Lyon pourront profiter d'un jour « off » supplémentaire. Les autres (une cinquantaine dans toute la France) sont des filiales et ne seront donc pas concernés. « Pour une entreprise de moins de dix personnes, la semaine de quatre jours c'est compliqué », explique le fondateur de LDLC. « J'ai personnellement essayé d'imaginer le modèle par rapport à nos boutiques, mais globalement, si on veut arriver à ce qu'il s'adapte aux plus petites entreprises il faudra, je pense, une aide de l'Etat. Ca pourrait être bénéfique car créateur d'emplois, mais ce ne sont que des réflexions personnelles aujourd'hui. »
Parmi les détails à peaufiner pour lancer officiellement la semaine de quatre jour l'an prochain, il y a les plannings. Si des services pourront aussi bien fonctionner à 32 heures par semaine selon M. de la Clergerie, certain doivent continuer de tourner en permanence : la logistique, les boutiques et la relation client. Il faudra donc que ces services s'organisent pour que tous les collaborateurs ne prennent pas la journée du vendredi par exemple. Et le patron de LDLC ajoute que tous les salariés devront sûrement venir travailler le lundi obligatoirement (hors congés). De plus, les cadres n'auront plus leurs 13 jours de RTT. Mais sachant qu'avec ce modèle tous les employés en gagneront 47, le compromis est plus que raisonnable.
20 à 30 recrutements pour assurer la continuité de l'activité
Laurent de la Clergerie imagine que pour assurer la mise en place de ce modèle, 20 à 30 recrutements seront nécessaires. Et les nouveaux arrivants seront aussi payés sur la base d'un salaire de 35 heures évidemment. « Pour moi c'est totalement viable et je suis sûr que je vais gagner de l'argent », assure le dirigeant. « Si demain je veux recruter quelqu'un, sachant que LDLC est pour l'instant la seule entreprise en France à proposer la semaine de quatre jours, je suppose que je vais avoir dix fois plus de CV que l'entreprise d'à côté. Donc je vais avoir du choix. Et les gens qui sont dans ce système vont avoir envie que ça marche et le montrer à d'autre. Et ce qui rend la chose viable c'est que nous sommes une exception et il y a un côté privilège qui fait que tout le monde va s'y sentir bien et ça donnera un élan pour LDLC que n'auront pas d'autres sociétés. »
Et si un jour, l'entreprise doit faire machine arrière ? « Si ça devait arriver un jour et que nous disions aux équipes que cette année, ou pendant les six prochains mois, il faut cravacher et peut-être revenir aux 35 heures pour la période, personne ne m'en voudrait. Mais ce serait que pour une année, le temps de stabiliser l'activité, avant de revenir à la norme qui sera les 32 heures », répond M. de la Clergerie. Et à savoir si ce modèle pourrait se démocratiser dans d'autres entreprises, il lance : « je ne suis pas militant, je ne dirai pas aux autres faites comme moi. Par contre, s'ils trouvent le modèle intéressant, je serai content qu'ils le copient. »
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