Le Cyber Place doit ouvrir fin 2023 à Rennes et accueillir début 2024 des start-ups en cybersécurité dans une pépinière au premier étage. (crédit : D.R.)
Particulièrement active sur le front de la cybersécurité, la région Bretagne déborde d'ambitions pour monter d'un cran ses capacités. Objectifs : favoriser le développement d'entreprises, de formations et d'environnements d'accueil pour devenir un carrefour d'échanges incontournable dans ce domaine.
La Bretagne attire naturellement les entreprises du numérique depuis des dizaines d'années. En fait, cela a commencé dans les années 70, avec l'installation de la R&D de France Telecom qui a engendré un grand besoin en termes de talents nécessitant de mettre en place des structures de formation, telle que l'Université Bretagne Sud dont nous avons pu mesurer le potentiel il y a 3 ans. « Rennes, l'Ile-et-Vilaine, la Bretagne sont des territoires formidables pour entreprendre », a lancé Daniel Gergès, directeur de la French Tech Rennes-Saint-Malo, directeur du Poool (communauté dédiée à l'innovation) et coordinateur du Cyber Booster à l'occasion d'un point presse pré-FIC ce vendredi matin. Avec 403 start-ups rien qu'en Ile-et-Vilaine la Bretagne constitue une terre d'accueil propice pour les jeunes pousses du numérique en général et de la cybersécurité en particulier.
Un bassin d'emplois particulièrement actif
« En cybersécurité ça pulse particulièrement », se réjouit Daniel Gergès. Une dynamique partagée également avec le département voisin du Morbihan. Preuve de cette dynamique également, une présence en force des fournisseurs de solutions en cybersécurité au prochain FIC 2023 (5-7 avril à Lille) qui seront 25 à faire le déplacement. Un salon qui, selon le directeur général du CEIS Guillaume Tissier « se prépare bien avec la participation institutionnelle française et internationale malgré la polémique ». Les forces vives de la cybersécurité sur Rennes sont variées. En 2021, la métropole estime le nombre d'emplois dans ce domaine à 4 242, dont 3 377 dans le privé et 865 dans l'armée.
Le taux de croissance des emplois privés annuel s'élève à 7,5 %, avec 311 emplois créés cette année là. Les prévisions d'embauche ne sont pas en reste, avec des intentions évaluées à 250 emplois par an sachant que l'Anssi va en capter 220 avec l'ouverture de son antenne. Des grands groupes industriels sont présents dont Airbus Cybersecurity ou encore Thales Services et bien entendu Orange Cyberdéfense avec son CyberSoC. Constituant la première place des forces armées cyber en région, Rennes n'a pas à rougir face à d'autres grandes villes - Paris et Lille en particulier - avec un écosystème riche de 150 chercheurs en recherche académique et qui a creusé son trou au palmarès des start-ups en cybersécurité du cabinet de conseil Wavestone. Parmi ses principaux points d'attractivité en matière cybersécurité : l'école européenne universitaire de recherche Cyberschool, le pôle d'excellence cyber, le Cyber Booster (au sein du Poool) et le Cyber Place.
Répartition des structures dédiées à la cybersécurité en Bretagne. (crédit : Bretagne Développement Innovation)
Un vivier de start-ups reconnu
La Bretagne compte 160 entreprises en cybersécurité et forme environ chaque année 3 600 étudiants spécifiquement dans ce domaine. Au global, le nombre d'étudiants formés dans les domaines du numérique, de l'IT et de la sécurité avoisine 70 000. Un réservoir qui sert à alimenter les besoins dans de nombreux domaines comme l'IoT, l'IA... Un contexte bien propice à l'essor de très nombreuses pépites cybersécurité, comme cela a été le cas dAriadNEXT (aka IDnow) et de Secure-IC et plus récemment d'Anozr Way, lauréate du prix start-up du FIC 2023. « L'écosystème parisien est peut être plus puissant et plus large, mais il est aussi plus anonyme et compétitif », analyse Daniel Gergès. « Ici tous les gens sont autour de la table et en un mois on est complètement intégré grâce à une vitesse de parcours et de l'expérience d'intégration ».
« Il y a beaucoup de relations entre l'Anssi et les acteurs de la recherche académique comme la Cyberschool pour accompagner le développement industriel du bassin rennais », a fait savoir de son côté Paul-André Pincemin chef de projet du pôle d'excellence cyber Rennes Atalante. « Au regard des menaces qui pèsent sur les collectivités, la richesse de l'écosystème local permet à ces opérateurs d'échanger avec eux et de se rendre plus résilients pour protéger les données ».
La pépinière Cyber Place en force dans la cybersécurité
Rennes Métropole compte à date 7 pépinières en numérique et cybersécurité : Digital Square (qui accueille déjà des entreprises cybersécurité comme YesWeHack, Anozr Way...), La Maison de la Technopole, Le Biopôle, Le Haut-Blosne, Le Quadrium, Les Laurentines et Orchis). Et bientôt une huitième consacrée uniquement à la cybersécurité : Cyber Place. Réparti sur 7 600m2, cette structure comportera une diversité d'espaces pour favoriser les échanges entre les acteurs de la cybersécurité institutionnels et privés. Un mini campus cyber en somme ?
Un espace particulier est aussi prévu pour accueillir des entreprises qui conserveront des données hautement sécurisées. « Trois espaces sécurisés ont été conçus en lien avec la DRSD et la DGSI qui intègrent dès la conception du contrôle d'accès renforcé, de la vidéoprotection, des cloisonnements et des fenêtres renforcés...», a expliqué Mamar Djellal, directeur du développement économique de Citedia qui gère l'ensemble des pépinières d'entreprise de Rennes Métropole. « Ce n'est pas un bunker militaire ultra sécurisé mais il a été conçu dès le départ pour permettre de stocker sans difficulté des documents secret défense [...] On a initié un gros travail auprès des entreprises en termes de sensibilité aux risques humaines pour avoir une culture commune sur ce sujet ».
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