L'investissement français dans l'apprentissage du numérique reste nettement en deçà des autres pays de l'Organisation de coopération et de développement économiques, selon une étude réalisée pour le compte de l'association Talents du numérique. Au-delà d'un enseignement en informatique plus précoce, la formation des enseignants doit être renforcée.
Une étude de l'association Talents du Numérique réalisée par la start-up sociale Olecio alerte sur les niveaux d'investissement dans l'éducation au numérique en France, structurellement inférieurs aux pays de l'OCDE. Au global, l'effort financier français pour l'éducation au numérique est deux fois plus faible sur le territoire national qu'au Royaume-Uni ou en Pologne. Pour 100 euros investis en France, le Royaume-Uni y consacre 212 euros, l'Estonie 210 euros et la Pologne 186 euros. Ce constat conduit à alerter sur plusieurs points clés, dont le nombre d'heures d'enseignement en informatique jugé trop faible en France. Tout au long de leur parcours scolaire, les élèves français consacrent seulement 216 heures à des cours en technologies ce qui représente environ la moitié du temps alloué à cette discipline par les élèves polonais, anglais ou estoniens. En somme, un élève français consacre seulement 2 % de sa scolarité à l'IT comparativement à 5 % en Pologne et 5,5 % en Estonie.
De plus, les cours de sensibilisation à la pensée informatique commencent trop tard en France, avec un apprentissage en classe de 5eme, En Pologne, au Royaume-Uni, en Estonie et en Finlande, les élèves sont sensibilisés à cette matière dès le CP. Avant la fin de l'école primaire, il est par exemple attendu qu'un élève finlandais soit en mesure de rédiger des programmes courts dans des environnements de programmation simplifiés tels que Scratch.
Les pays de l'OCDE en termes d'heures obligatoires d'enseignement en informatique. (Source: Talents du numérique/Olecio/OCDE)
Des cours IT intenses mais tardifs en France
Autre constat : dans l'Hexagone, l'intensité des cours de spécialisation en informatique (NSI) est relativement élevée (4 heures en première générale, puis 6 heures en terminale générale), mais ces enseignements commencent plus tardivement par rapport à d'autres pays comme l'Israël ou la Pologne. En Israël, dès la classe de seconde, les élèves peuvent s'initier en suivant 3 heures de cours spécifiques à la programmation ou suivre un parcours intensif de 5 heures par semaine. En Pologne, cette spécialisation est accessible dès la classe de troisième, avec 3 heures de cours hebdomadaires jusqu'en première, puis 2 heures en terminale. A l'arrivée, sur le plan national, le niveau d'orientation vers la spécialité NSI est particulièrement faible (8,9%) avec un fort taux d'abandon en terminale (51%).
L'enquête de Talents du numérique rappelle également la proportion insuffisante de lycées français à proposer la spécialité NSI, qui est de 62 % aujourd'hui et le manque sévère de formation des enseignants au numérique. Seulement 29 % d'entre eux se sentent bien préparés à utiliser les technologies pour l'enseignement, comparé à 51 % au Royaume-Uni, 47 % en Israël et 43 % en moyenne dans les pays de l'OCDE. Dans le primaire, cette proportion est encore plus faible, avec seulement 16 % des enseignants français se considérant bien préparés.
Part des enseignants ayant reçu une formation satisfaisante dans les TIC dans les pays de l'OCDE. (Source: Talents du numérique/Olecio/OCDE)
Des pistes pour renforcer la formation des élèves et des professeurs
Les résultats de cette étude confirment ainsi la nécessité de restructurer l'intégration du numérique dans le système éducatif français pour commencer à y former les élèves plus tôt dans leur scolarité. Est notamment évoquée la création d'un enseignement spécifique d'informatique au niveau du Cycle 4 (au collège, dans les classes de 5e, 4e, 3e), contenu aujourd'hui partiellement dispensé dans les cours de technologies. Au-delà de cet enseignement plus précoce, les formations doivent aussi être renforcées et les enseignants doivent recevoir un soutien accru. 100 % des nouveaux enseignants stagiaires devront passer la certification de leurs compétences numériques avec Pix+ Édu. Ceux qui n'atteindront pas le niveau requis bénéficieront d'un parcours de remédiation en formation continue après leur prise de poste.
Sans un investissement massif dans l'éducation au numérique et, son corollaire, la formation des enseignants, la France risque de ne pas atteindre les objectifs européens fixés d'ici 2030 pour réduire le nombre de jeunes de 13 à 14 ans qui affichent des performances inférieures en matière d'informatique.
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