La guerre sino-américaine des puces touche les filiales du fabricant de serveurs Inspur. (Crédit Inspur)
Des plans signalés pour étendre les contrôles des exportations de technologies américaines aux filiales d'Inspur marquent un durcissement des mesures antichinoises.
Selon un article de Bloomberg, les États-Unis prennent des mesures pour combler une faille dans les restrictions imposées au fabricant chinois de serveurs Inspur Group, ce qui permet aux entreprises américaines de continuer à approvisionner les filiales d'Inspur, qui sont au nombre de plusieurs dizaines. Spécialisé dans les serveurs de type commodité, Inspur vend des systèmes destinés à l'IA et aux charges de travail big data dans le monde entier, notamment aux États-Unis, en Europe, au Moyen-Orient, en Amérique latine et dans la région Asie-Pacifique.
Au début du mois, l'administration Biden a ajouté 37 entités supplémentaires, dont Inspur, à une liste de blocage commercial. Cette dernière comprend des entreprises auxquelles les fabricants américains de semi-conducteurs et d'équipements de fabrication de puces ne peuvent pas vendre de produits sans licence spéciale. Ces entreprises ont été ajoutées à la liste de blocage pour avoir, "entre autres activités, contribué à la base industrielle militaire et/ou de défense de la Russie, soutenu la modernisation militaire de la RPC et facilité ou participé à des violations des droits de l'homme en Birmanie et en République populaire de Chine (RPC)", a déclaré le ministère américain du Commerce dans un communiqué.
L'administration Biden, y compris les fonctionnaires du ministère du Commerce, est consciente que la liste de blocage des puces ne couvre pas spécifiquement les filiales d'Inspur et s'efforce de combler cette lacune, mais cela pourrait prendre plusieurs semaines, selon le rapport de Bloomberg. En attendant, des entreprises comme Intel, Nvidia et Cisco, entre autres, sont libres de commercer avec Inspur sans avoir besoin d'une licence.
Inspur cherche à atténuer les risques liés aux sanctions américaines
Selon un article du journal South China Morning Post, basé à Hong-Kong, Inspur Electronic Information Industry, l'une des principales unités du groupe Inspur, a convoqué une réunion de son conseil d'administration cette semaine pour changer son siège social de l'adresse de sa société mère à un endroit situé à environ deux kilomètres de là. L'entreprise n'a pas donné les raisons de ce changement, mais la décision a été prise quelques jours seulement après que le ministère américain du Commerce a ajouté Inspur Group à sa liste noire, ajoute l'article. Inspur Electronic Information Industry est toutefois une entité juridique distincte de sa société mère et ne figure pas actuellement sur la liste de blocage.
Le changement de domicile de l'entreprise, qui signale une distanciation artificielle de la filiale par rapport au reste du groupe Inspur, "reflète en partie les options limitées dont disposent les entreprises technologiques chinoises lorsqu'il s'agit d'atténuer les risques de sanctions américaines, compte tenu de leur dépendance à l'égard de composants ou de technologies américains", ajoute l'aticle du South China Morning Post. Les restrictions commerciales imposées par les États-Unis sur les semi-conducteurs semblent faire des ravages dans les entreprises chinoises. Par exemple, le fabricant chinois de puces YMTC, qui cherche à concurrencer Samsung Electronics et SK Hynix, a dû licencier des employés et freiner ses projets d'expansion après avoir été ajouté à la liste noire, selon le rapport du South China Morning Post. La Chine vient toutefois d'injecter 1,9 Md$ dans le fondeur pour soutenir ses activités particulièrement stratégiques pour accompagner les ambitions de l'Empire du Milieu.
Les États-Unis font pression sur leurs alliés
Dans le cadre d'une guerre commerciale plus large avec la Chine, les États-Unis ont convaincu il y a quelques mois les Pays-Bas et le Japon de se joindre à eux pour interdire les transferts de certains équipements DUV. Les restrictions à l'exportation imposées par les Pays-Bas sont en préparation depuis un certain temps et, mercredi, le gouvernement néerlandais a publié de plus amples informations sur ses projets. "Ces nouveaux contrôles à l'exportation se concentrent sur les technologies avancées de fabrication de puces, y compris les outils de dépôt et de lithographie par immersion les plus avancés", selon un communiqué de la société néerlandaise ASML, l'un des principaux fabricants mondiaux d'équipements de fabrication de semi-conducteurs.
La guerre des puces entre les États-Unis et la Chine met toutes sortes d'entreprises mondiales dans le collimateur, car la perturbation de la chaîne d'approvisionnement des semi-conducteurs peut affecter un large éventail de produits, tels que les voitures et différents types de biens de consommation.
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