La directrice générale d’Orange Christel Heydemann a indiqué que des annonces de fin de commercialisation de produits et de services OBS seront faites aux clients concernés. (crédit : Orange)
L'opérateur télécoms Orange a clôturé un exercice fiscal 2022 compliqué sur un chiffre d'affaires en quasi-stagnation. Pour relancer sa croissance le groupe va faire le ménage dans ses portefeuilles de solutions et restructurer sa division de services IT aux entreprises, OBS.
Comme bon nombre d'entreprises du secteur IT, le poids lourd français des télécoms Orange doit aussi faire face à un contexte économique qui s'est largement tendu ses derniers mois. Avec des conséquences directes sur ses activités. Lors d'un point ce matin sur le bilan financier du groupe et la présentation du plan stratégique 2030 du groupe, Christel Heydemann, directrice générale d'Orange, a rapidement planté le décor : « Nous devons répondre au défi croissant de la résilience [...] le secteur télécoms est à la croisée des chemins ».
Si la directrice du groupe se félicite d'avoir atteint les objectifs financiers fixés, force est de constater qu'ils sont loin d'être pleinement satisfaisants. Sur l'année écoulée, Orange a ainsi vu ses ventes faire du quasi sur place par rapport à 2021 (+0,6 %) à 43,47 Md€. Signe des temps, ce sont les plaques Afrique et Moyen Orient qui ont tiré la croissance de l'opérateur. Sur le dernier trimestre, c'est légèrement mieux avec une progression d'1,3 % des revenus (11,35 Md€). Fort d'une progression de ses activités sur ces régions mais aussi grâce à une hausse de ses prix et une discipline de fer pour contenir ses coûts fixes afin de compenser l'inflation, Orange affiche un résultat d'exploitation (EBITDAaL) d'2,5 % en 2022 atteignant 12,96 Md€.
Restructuration à tous les étages pour OBS
En revanche, c'est la douche froide pour l'activité Entreprises de l'opérateur - Orange Business Services (OBS) rebaptisé désormais sobrement Orange Business - dont les revenus ont stagné (+0,2 %) à base comparable à 7,93Md€ pour un résultat d'exploitation en chute de 18,8 %, peinant à dépasser les 800 M€. Le groupe a donc pris le taureau par les cornes et engagé un vaste plan de redressement annoncé comme étant une priorité pour le groupe. « L'approche hybride d'OBS, mi-telco et mi-numérique associé à un très large portefeuille d'activités a créé des difficultés à manoeuvrer l'entreprise », a reconnu Aliette Mousnier-Lompré, directrice générale d'Orange Business. « Cette situation nous amène à une refonte décisive du modèle opérationnel ».
Les mesures prises pour redresser l'activité de services aux entreprises d'Orange sont de plusieurs natures. Tout d'abord, se concentrer sur les activités à plus forte valeur ajoutée à commencer par l'intégration de systèmes et de solutions, mais aussi modifier l'organisation du groupe, tirer de la valeur ajoutée des rachats déjà effectués - et ils sont nombreux -, revoir la structure des coûts de production et baisser les frais généraux. Les partenaires sociaux seront par ailleurs consultés mi-mars dans le cadre d'un plan inédit de formation du personnel qui devrait toucher 5 000 employés. « Les compétences requises changent beaucoup plus vote que les cycles de carrière individuelle, ma responsabilité est d'accompagner les évolutions d'un grand programme de requalification et d'amélioration des compétences à grande échelle dans les télécoms, la virtualisation, le cloud, les données, l'intelligence artificielle et la cybersécurité », a expliqué Aliette Mousnier-Lompré. Les entités d'Orange Business seront par ailleurs rationalisées, passant de 7 à 3, avec une seule direction marketing produit dans une optique de « simplification des processus de prévente et d'adaptation de la structure des coûts pour remettre Orange Business en phase avec les standards du marché ».
Un plan de départs volontaires de 7 500 personnes dans les tuyaux
Interrogée par la rédaction lors du point presse qui a suivi la présentation des résultats et de la stratégie 2030 du groupe, au sujet de cette rationalisation, Christel Heydemann a précisé qu'il s'agit d'un plan de transformation « très complet » qui vise à « transformer et réduire le portefeuille pour se recentrer sur celles qui sont attendues par les clients » et que « des annonces de fin de commercialisation seront faites aux clients concernés ». La restructuration d'Orange Business aura-t-elle un impact sur les projets du groupe en matière de cloud de confiance ? Pas le moins du monde selon la dirigeante qui nous a expliqué qu'il « n'y avait rien de nouveau sur le sujet et travaille avec Capgemini sur le sujet » et « reste en attente de nouvelles de Bruxelles ». A suivre donc.
Côté social, les prochains mois vont être aussi marqués par un plan de départs volontaires concernant 7 500 employés et une vague de départs naturels sur lesquels Orange compte pour réduire ses coûts de l'ordre de 600 M€. « Le pilotage par la réduction des coûts est un échec », a fait savoir de son côté Sébastien Crozier, président du syndicat CFE-CGC d'Orange, qui se dit « particulièrement inquiet du déclin d'un fleuron économique de notre pays ».
L'activité Cyberdéfense sur de bons rails
A noter toutefois les bons résultats de la division Cyberdéfense d'Orange - dont l'IPO n'est pas officiellement à l'ordre du jour - portés par une bonne croissance aussi bien organique qu'externe, avec un chiffre d'affaires en ligne avec les prévisions, proche du milliard d'euros en 2022. « OCS est déjà prêt de son objectif 2023 at va accélérer pour viser 1,3 Md€ en 2025 », a indiqué Christel Heydemann. En revanche, s'agissant d'Orange Bank, la messe semble être dite : « Une revue stratégique est en cours pour savoir comment capitaliser au mieux sa trajectoire financière ». Reste à savoir maintenant qui sera l'heureux acquéreur ?
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