(28/10/03) - Après 18 ans d'activité, le fabricant français de modems dépose les armes. Prononcée le 8 octobre par le tribunal de commerce de Bobigny (93), la liquidation judiciaire de Kortex va entraîner le licenciement d'une quinzaine de personnes, dont David Le Norcy, son directeur général. « Avec une baisse de 30% de nos revenus, le premier semestre 2003 a été catastrophique, explique ce dernier. Du coup, nos bailleurs de fonds nous ont annoncé dès cet été qu'ils arrêtaient les frais. Et, devant l'absence totale de visibilité sur la fin de l'année, nos actionnaires ont préféré demander le redressement judiciaire ». Celui-ci a été prononcé le 6 août dernier. A cette époque, le dirigeant croyait encore à une poursuite d'activité. « Les grossistes (Ingram, Tech Data et TWC ndlr), nous avaient assuré de leur soutien et j'avais plusieurs plans de reprise sous le coude, poursuit David Le Norcy. Mais le Tribunal a tardé à rendre sa décision. Prévue initialement pour le 10 septembre, celle-ci n'est intervenue qu'en octobre... Trop tard pour sauver l'année ». Pour autant, est-ce que cela aurait changé quelque chose ? Rien n'est moins sûr. Avec un passif représentant environ 20% du CA 2002, soit plus de 1 M€, et sur un marché hyper concurrentiel avec au moins une quinzaine d'acteurs identifiés, l'essai aurait été difficile à transformer. Pourquoi ? Considérée par tous comme sérieuse et compétente, l'équipe n'est pas en cause. Arrivé en 2000 lors d'un précédent passage à vide de la société pour relancer la marque, David Le Norcy, avait réussi son pari : il avait su recentrer l'activité sur l'ADSL et redynamiser le canal de distribution en certifiant près de 150 partenaires. Il était même parvenu à revenir à l'équilibre au cours de l'exercice 2002. Les causes de l'échec de Kortex se trouvnt plutôt dans sa taille et sa culture. En effet, issue du marché de l'analogique, la société a semble-t-il mal négocié l'évolution du marché vers les modems-routeurs. Comme le confirme un grossiste, le modem traditionnel, y compris ADSL, est en perte de vitesse. Les clients s'orientent de préférence vers des produits permettant de partager un accès Internet par plusieurs utilisateurs. Un marché aujourd'hui dominé par des marques globales telles que Netgear ou D-Link, implantées dans de nombreux pays. « Les acteurs locaux ont longtemps été protégés par les « agréments » qui régissaient le marché de l'analogique, explique le porte-parole français d'une de ces marques. Mais ces barrières n'existent plus aujourd'hui - excepté sur les affaires opérateurs. Les produits sont les mêmes dans le monde entier et cela nous permet de faire de réelles économies d'échelle ». Des économies d'échelle d'autant plus nécessaires que, sur un marché où les produits sont tous fabriqués par les mêmes sous-traitants à partir des mêmes composants, les seuls facteurs de différenciation sont le marketing et le support technique. Ainsi, « chaque client génère en moyenne 10 minutes de support technique sur les modems-routeurs », selon notre fournisseur. Un coût non négligeable qu'il faut bien financer d'une manière ou d'une autre.
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