IBM vend sa division PC au chinois Lenovo

"Welcome IBM, seriously". En accueillant ironiquement le lancement de l'IBM PC en 1981 par ce message publicitaire, Steve Jobs ne se doutait sans doute pas que Big Blue se débarrasserait de sa division PC en la cédant à un constructeur chinois 24 ans plus tard. Pourtant c'est fait. IBM s'est hier officiellement séparé de sa division PC en la cédant au n°1 chinois du secteur, Lenovo, ex-Legend, pour 1,75 Md$ (dont 1,25 Md$ en cash et le solde en actions). Lenovo devrait reprendre l'ensemble des effectifs et actifs de la division PC d'IBM et devenir son fournisseur privilégié de PC et portables (IBM continuera à concevoir et produire ses propres serveurs x86, NDLR). Big Blue, de son côté, détiendra 18,9% du capital du fabricant chinois. Une conclusion logique de l'évolution du marché Pour les observateurs de l'industrie du PC, cette sortie du marché est la conclusion somme toute logique de 25 ans d'évolution de l'industrie du micro-ordinateur. Né dans les années 1970 d'intenses efforts de R&D menés par des sociétés comme Apple, IBM, Commodore..., le micro-ordinateur s'est peu à peu banalisé. La généralisation des compatibles PC au milieu des années 80 et la guerre des prix ,qui s'en est suivie, ont mis à mal les grands du secteur. A tel point qu'en 1992 la plupart affichaient des pertes. 1992 a en quelque sorte marqué un tournant pour l'industrie, avec notamment la décision de Compaq de casser les prix. La recette : banaliser les designs et produire en masse aux coûts les plus bas possible, un virage qui a aussi marqué le décollage du PC grand public. Coincés entre Intel et Microsoft qui se sont accaparés l'essentiel des marges du secteur, tous les grands du PC vont appliquer la même recette. Progressivement, ils vont ralentir leurs efforts de R&D et mettre l'accent sur l'optimisation de leurs chaînes de fabrication et sur leur logistique avec un corollaire, la délocalisation massive de la production en Asie du Sud-Est et dans les pays à faible coûts de main d'oeuvre comme le Mexique. Chez certains, ce transfert va aujourd'hui plus loin encore, les laboratoires des assembleurs taiwanais proposant des design sur mesure pour les grands du PC, ironiquement réduits au rôle de canal de marketing et de distribution. Virage vers les services et les produits à valeur ajoutés En fait plus que les pertes de sa division PC, il semble que ce soit le virage d'IBM vers les services qui ait finalement convaincu Sam Palmisano, le patron d'IBM, de se débarrasser des PC. L'ex-patron de la division sait plus que d'autres que les marges y sont très réduites et que l'innovation n'est plus depuis longtemps la préoccupation des constructeurs de PC. Dans un mémo aux employés d'IBM, il explique ainsi les raisons de sa décision :" Aujourd'hui, l'informatique et ses usages évoluent une nouvelle fois à un rythme rapide, vers ce que nous appelons l'informatique à la demande. Cette évolution offre de grandes opportunités à IBM et c'est pour cela que nous avons investi des milliards de dollars pour renforcer nos capacités de développement matérielles, logicielles et de services pour les entreprises. Dans le même temps le business du PC acquiert de plus en plus les caractéristiques d'une industrie de consommation qui favorise les économies d'échelle, la guerre des prix et qui se concentre sur les clients individuels. C'est un modèle très différent (du nôtre, NDLR) et qui devrait encore plus diverger dans les prochaines années". Sous entendu, le métier d'IBM est de servir les entreprises en fournissant des plates-formes, des logiciels et des services à valeur ajoutée et pas de continuer à produire des PC qui deviennent de plus en plus des produits de grande consommation. "Power to the people" Cela ne veut pas dire pour autant que Big Blue compte se tenir complètement à l'écart des évolutions à venir. Selon Palmisano, " IBM continuera à jouer un rôle important dans la création de solutions innovantes pour les particuliers et pas seulement au travers de l'alliance signée avec Lenovo." Mais pas comme assembleur. S'inspirant du modèle Intel, Big Blue a lourdement investi pour faire de sa plate-forme Power une alternative aux plates-formes en place. Des puces 64 bit Power de nouvelle génération (nom de code Cell), devraient ainsi équiper la future Playstation 3 mais aussi la Xbox2 et la future console de Nintendo. De même IBM continuera à développer des puces pour les Macintosh d'Apple mais aussi pour de multiples équipements grand publics comme des set-top boxes, des décodeurs TV, des TVHD... Autant de marchés en pleine explosion et ou l'innovation et la différenciation reste des facteurs importants.

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