L'industrie IT s'est déjà fait « avoir » plusieurs fois. Des terminaux à l'origine dédiés au grand public envahissent les entreprises par le haut, c'est-à-dire via les cadres dirigeants, ce qui n'était pas attendu ni voulu. Voici les chiffres qui influencent les marques de PC.
La question de base paraît simple : le marché très médiatique des tablettes numériques pourrait-il compenser le ralentissement de la croissance des ventes de PC traditionnels ? Depuis le début de l'année 2011, les grands cabinets d'étude ont apporté des réponses contradictoires à cette question. En résumé, la montée en puissance des tablettes tactiles est réelle et pérenne dans le grand public, mais l'incertitude reste de mise pour les cibles professionnelles.
Concrètement, les différences de vues ne portent pas sur les ventes réalisées, mais sur les projections pour le second semestre 2011 et l'année 2012. Où en est-on ?
Baisse des ventes de PC au 1er trimestre 2011
Selon IDC et Gartner, les ventes de PC ont effectivement diminué au 1er trimestre 2011 par rapport à la même période de 2010 (- 3,2% d'après le premier, - 1,1% d'après le second). Comme c'est très souvent le cas dans ce type de situations, l'industrie IT a cherché un « coupable » en même temps qu'un segment alternatif.
Le lancement en fanfare de l'iPad 2 d'Apple en février dernier a aussitôt fait des tablettes numériques le responsable de ce retournement de tendance sur le marché des PC dits « traditionnels ». Et pour cause : partant de quasiment rien en 2010, les ventes de tablettes ont selon le cabinet Context progressé de 910% au premier trimestre 2011.
Une surenchère exagérée
En se fondant sur ce démarrage fulgurant, certains analystes ont établi des projections impressionnantes. Selon les consultants de PRTM, les ventes de tablettes devraient ainsi passer de 17 millions en 2010 à 200 millions en 2014, soit être quasiment multipliées par 12 en quatre ans.
Une telle croissance ferait logiquement rêver toutes les marques et les industriels. Autre précision importante : la part très dominante d'Apple dans ces ventes ne serait pas appelée à baisser fortement, d'après les analystes. Selon Morgan Stanley, elle sera encore de 44% en 2012, malgré l'arrivée de nombreux nouveaux concurrents.
Parmi les nombreux chiffres qui paraissent sur ce sujet depuis le début de l'année, certains ne manquent pas d'influer sur la stratégie des éditeurs, qu'il s'agisse de logiciels de jeux ou d'applications professionnelles. Pour n'en citer qu'un, rappelons que Gartner affirme qu'un PC sur deux achetés pour les utilisateurs de moins de 15 ans aura un écran tactile en 2015, tandis que la proportion en entreprise ne sera que de 1 sur 10.
Outil de travail ou « must have » ?
Les professionnels de la distribution IT s'interrogent aux-aussi. La distribution grand public pourra dès l'automne proposer une quinzaine de références. Au-delà d'Apple, on doit notamment citer Archos, Asus, Dell, Lenovo, Toshiba, Samsung, Motorola, sans oublier les annonces faites par plusieurs marques.
La donne est différente en ce qui concerne les revendeurs qui s'adressent aux entreprises. Comme le montre la seconde partie de ce dossier qui sera publiée le 17 juin, l'utilisation « professionnelle » des tablettes était leur vocation première, et ce depuis deux décennies. Le fait est que les ventes soient restées anecdotiques et concernent quelques « niches », dont certaines peuvent être d'une taille considérable, comme dans le BTP, les agences immobilières, les assurances, les aides à domicile et le secteur de la santé.
Concrètement, tout laisse à penser que les tablettes tactiles vont entrer dans les entreprises par une porte dérobée, qui est la possession de ces outils par les dirigeants et les cadres, qui peuvent estimer la tablette moins encombrante qu'un notebook, voire même qu'un netbook.
Mais les « must have » de quelques centaines d'euros ont-ils vocation à être vendus par des revendeurs « B to B » ?
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