Depuis sa création en février 2011 jusqu'à sa revente en mars 2013, l'ex-Feel Europe Groupe a vu ses effectifs passer de 496 à 75 collaborateurs.
L'ancienne filiale de Feel Europe Groupe bâtie sur une partie des fonds de commerce du groupe Team-Partners n'est plus qu'une coquille presque vide. Pour certains salariés, c'est le résultat d'une stratégie délibérée de l'ancienne maison mère qui a mené leur entreprise vers une liquidation probable.
A moins d'un refus du juge, la liquidation judiciaire de la SSII TPG-IT (ex-Feel Europe TPG) devrait être prononcée. C'est l'administrateur en charge de la société depuis sa mise en redressement en avril dernier qui a décidé d'en faire la demande au tribunal de commerce le 2 juillet. Un choc pour les collaborateurs encore en poste dans ce qui fut une filiale du groupe de services informatiques Feel Europe Groupe. Nombre d'entre eux le jugent responsable des déboires que connaît leur entreprise pour avoir mené une stratégie visant à en faire une coquille vide puis de la sortir hors du périmètre du groupe. Pour comprendre comment TPG-IT en est arrivée là, une chronologie des faits s'impose.
Tout commence en février 2011 lorsque Feel Europe Groupe crée Feel Europe TPG sur la base d'actifs du groupe Team-Partners (Team Partners, CGBI et Team-Partners Group) repris à la barre du tribunal de commerce de Nanterre. A l'époque, 496 collaborateurs de Team Partners sont intégrés au sein de la nouvelle entité. Cet effectif va progressivement diminuer de différentes façons. Tout d'abord par le biais de départs volontaires de salariés de TPG vers d'autres filiales du groupe qui se prolongeront jusqu'en janvier 2013. « Dans le même temps, une pression a été exercée sur certaines personnes pour qu'elles craquent et quittent l'entreprise », ajoute un représentant du personnel de TPG-IT. En octobre 2012, une nouvelle filière de départs est ouverte avec la création de quatre filiales régions au sein de Feel Europe Groupe vers lesquelles sont transférés d'autres salariés de TPG sans qu'ils puissent refuser cette fois-ci.
Un changement de direction suivi de nouveaux transferts et d'une cession
La suite de l'histoire de TPG-IT est son changement de direction en novembre 2012. A cette date, sa présidence est confiée à Yann Vaudry, l'ancien directeur de la R&D de Feel Europe Groupe. Il remplace à ce poste Gilles Sitbon, par ailleurs président du groupe de services informatiques et de toutes ses filiales. Deux mois après a lieu le transfert de contrats clients et d'autres salariés en poste de l'ex-Feel Europe TPG, vers les filiales métier Feel Europe Technologie, Feel Europe Infrastructure et Feel Europe Conseil. Au mois de mars suivant, c'est cette fois-ci le capital de l'entreprise qui change de mains. Il est repris à 100% par People it HLD, une holding créée pour l'occasion et dirigée par Yann Vaudry, qui rebaptise sa filiale TPG-IT.
« Au moment de ce rachat, il ne reste plus que 75 salariés environ dans une entreprise qui en comptait près de 500, explique un représentant du personnel de TPG-IT. Comme par hasard, 80% d'entre eux ont plus de 50 ans et 50% sont en inter-contrat. Sans parler du fait que tous les contrats clients de valeur qui avait été récupérés suite au rachat du fond de commerce de Team Partner et CGBI ont été progressivement confiés à d'autres filiales de Feel Europe Groupe tout au long des deux années passées. »
Revendre pour ne pas assumer les conséquences sociales ?
Pour qui estime que Feel Europe Groupe a manoeuvré pour arriver à cette situation où son ex-filiale n'a plus d'avenir tout en ayant été sortie du périmètre du groupe, la motivation de l'ex-propriétaire est simple : « Feel Europe Groupe a récupéré des collaborateurs et des contrats clients qu'il estimait de valeur à bon compte. Une fois cette phase terminée, il s'est débarrassé de sa filiale pour éviter d'avoir à assumer financièrement les frais liés à sa liquidation, notamment en matière d'indemnisation des salariés », estime un collaborateur de TPG-IT.
Même en cas de liquidation de TPG-IT, l'histoire ne devrait pas en rester là pour Feel Europe Groupe. Plus d'une quarantaine de salariés en poste chez TPG-IT attaquent leur employeur ainsi que le groupe de services informatiques devant les prud'hommes. Pour l'heure, ils se sont vus refuser toute conciliation par les parties adverses. « Nous plaiderons clairement le fait qu'il a été volontairement procédé à des transferts massifs de salariés qui ont eu pour effet de retirer toute viabilité à l'entreprise au détriment de ses collaborateurs », explique Maître Rilov, avocat en charge des dossiers de plusieurs ex-salariés de Feel Europe TPG. « Le fait que les effectifs de l'entreprise aient fondu à ce point sans qu'aucun licenciement économique n'ait été prononcé est un des éléments qui montrent clairement l'objectif poursuivi par leur ex-employeur », conclut-il.
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