Pour John Chambers, son CEO, Cisco a clairement raté ses objectifs dans les pays émergents. Crédit photo : D.R.
Cisco a stupéfait Wall Street mercredi en annonçant de sombres prévisions financières. La faute, selon l'équipementier réseaux, à une demande en baisse dans les pays en développement et aux transitions opérées dans certaines de ses gammes de produits.
Le géant des réseaux anticipe que le chiffre d'affaires de son second trimestre fiscal (clôturé à la fin janvier prochain) se repliera de 8 à 10% par rapport à la même période de l'exercice 2012-2013. L'annonce a été faite par les dirigeants de l'entreprise lors d'une conférence de présentation des résultats du premier trimestre. Ceux-ci ont également fait savoir que les bénéfices du trimestre en cours et de l'ensemble de l'exercice 2013-2014 seraient inférieurs aux attentes des analystes.
Cisco a dévoilé ces sombres estimations après avoir publié des revenus inférieurs à ses propres prévisions pour le premier trimestre de son exercice. Entre août et septembre derniers, son chiffre d'affaires s'est établi à 12,1 Md$. Un montant en hausse de 1,8% mais plus faible que les 12,36 Md$ sur lesquels était basé le consensus des analystes. Quant aux bénéfices trimestriels, ils ont chuté de 4% à 2 Md$.
John Chambers, le CEO et président de Cisco, explique la situation par une baisse des commandes dans les pays en développement durant la dernière partie du premier trimestre. « Nous avons clairement raté nos objectifs dans chacun des 10 marchés émergeants les plus importants pour nous », a déclaré le dirigeant.
En Russie, les prises de commandes des clients ont ainsi baissé de 30% au premier trimestre. Elles se sont également repliées au Brésil (25%), au Mexique (-18%), en Inde et en Chine. Cette tendance baissière fait suite à une croissance nulle des prises de commandes lors du trimestre précédent. Elle devrait se poursuivre lors des trimestres à venir.
L'affaire Prisme a eu un impact mesuré sur les résultats de Cisco
Selon les dirigeants de Cisco, les entreprises montrent une grande prudence dans leurs dépenses, du fait des incertitudes qui pèsent sur l'économie mondiale. Interrogés sur la question de savoir si les révélations sur la surveillance menée par la NSA dans le monde ont eu un impact sur l'activité de Cisco, le management de l'équipementier a confirmé qu'elle avait bien eu quelques effets.
« Je ne pense pas qu'il s'agisse de l'élément ayant impacté le plus négativement notre activité dans les pays en développement. Toutefois, cela fait bien partie des facteurs qui ont pesé, notamment en Chine », a estimé John Chambers. « Les révélations sur les pratiques de la NSA n'ont pas une incidence importante. Mais elles amènent certainement les entreprises à annuler des décisions d'investissements et à les repenser. Cela se reflète dans nos résultats », a expliqué de son côté Rob Loyd, le président en charge du développement et des ventes de Cisco.
Une mutation de certaines offres
Certaines des turbulences que traverse le fournisseur sont par ailleurs liées à sa propre stratégie. Cisco est actuellement en phase de lancement de nouvelles générations d'équipements destinés aux opérateurs, ce qui impacte les achats de ces prestataires de services. Cisco est également en pleine transition pour passer de la vente de boîtiers aux clients des services haut débit des opérateurs à l'usage d'une architecture basée sur le cloud qui sera, au final, plus profitable. En parallèle, le fabricant doit supporter des coûts liés à une restructuration en cours qui entraînera la suppression de 4000 postes.
Le bilan de Cisco pour son premier trimestre fiscal n'est cependant pas complètement noir. Les commandes enregistrées aux Etats-Unis sur le marché des entreprises et des professionnels ont progressé d'un peu moins de 10%. En outre, Cisco fonde de grands espoirs sur sa plate-forme ACI (Apllication Centric Infrastructure) dévoilée la semaine dernière suite au rachat de sa propre filiale Insieme Networks. John Chambers a indiqué que Cisco est toujours engagé sur les marchés en développement et maintient ses prévisions de croissance à long terme de 5 à 7% par en en moyenne.
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