Mathieu Gros, président d'AODB : « Nous n’intéresserons pas les dirigeants d'ESN qui souhaitent simplement vendre et passer à autre chose. » Crédit photo : AODB
L'ESN AODB propose à ses homologues de 10 à 50 collaborateurs de les racheter en contrepartie d'une entrée dans son capital. Le but est de leur laisser une certaine liberté et de fédérer leurs compétences dans le digital lorsque des projets d'envergure sont gagnés par l'acquéreur.
Ensemble, on est plus fort. L'adage bien connu a déjà été mis en pratique maintes fois entre ESN, notamment à travers des créations de groupements d'intérêt économique. AODB le reprend aussi à son compte avec un fonctionnement néanmoins situé, en pratique, à mi-chemin entre celui d'un GIE et celui d'un groupe de sociétés. Cocréée par Actency (spécialiste Drupal) et Dropteam (organisation et maîtrise de la production autour de Drupal), l'ESN a vocation à fédérer les expertises d'autres acteurs du digital, pour proposer aux grandes PME et aux grands comptes des solutions complexes, en matière de sites internet et d'e-commerce, d'usines à sites, de parcs digitaux mondiaux, d'extranet et d'intranet, d'applications, d'infrastructures, etc. Outre ses membres fondateurs, elle a aussi pour filiales émérya (développements front et back-end des CMS Drupal et WordPress), Advisa (e-commerce), et Trend People (formation open source).
Développer une offre à 360°
Ayant testé son concept depuis 2017, AODB veut maintenant proposer à davantage d'ESN d'y adhérer. A terme, elle veut être en mesure de proposer une offre à 360 degrés aux clients. « Nous nourrissons l'ambition de répondre toujours plus aux besoins des organisations en visant l'intégration progressive de nouveaux domaines d'expertise de pointe, tout en pérennisant le développement d'AODB », explique Mathieu Gros, son président, précédemment directeur général d'Actency. Pour les filialiser, le groupe propose deux formules aux sociétés de services du digital. La première consiste pour lui à prendre une part majoritaire dans leur capital, tandis que l'actionnaire d'origine devient minoritaire. En contrepartie, ce dernier prend des parts dans AODB, dont la valeur est réévaluée à chaque arrivée d'un nouvel associé. Un rachat complet peut également être envisagé.
« Le groupe prend donc effectivement le contrôle, mais l'objectif est que le dirigeant de l'entreprise garde une liberté d'action. Pour cela, nous lui demandons de suivre une charte précise qui encadre plusieurs domaines, comme la rémunération des dirigeants et le contrôle de gestion, pour ne citer qu'eux », détaille Mathieu Gros. En respectant cette charte, chaque dirigeant de filiale peut mener sa propre stratégie de vente et de marketing et continuer de proposer ses offres. De son côté, AODB se concentre sur la mise en avant auprès des clients de sa capacité à faire travailler les équipes de ses filiales de façon transverse sur des projets digitaux d'envergure. Les compétences des sociétés qu'elle contrôle seront sollicitées à chaque fois que l'ESN gagnera un marché. Et si l'aventure au sein du groupe ne lui donnait pas satisfaction, un dirigeant peut décider d'en sortir en reprenant ses titres, grâce à une période d'essai prévue de deux ans.
Un objectif de deux à trois nouvelles filiales par an
A l'heure actuelle, l'objectif du groupe est de se doter de deux à trois nouvelles filiales par an, soit par le recrutement de nouveaux membres, soit par création de spin off. « Nous cherchons à intégrer des entreprises spécialisées de 10 à 50 personnes qui ne parviennent plus à croître. Leurs dirigeants doivent avoir l'envie d'entreprendre à nouveau et de travailler dans un collectif. De fait, nous n'intéresserons pas ceux qui souhaitent simplement vendre et passer à autre chose », indique le président d'AODB. Tel qu'il est structuré aujourd'hui, le groupe a dégagé 13,1 M$ de revenus pour son exercice 2019-2020 et devrait publier un chiffre d'affaires de 15 M€ pour l'année fiscale qu'il a clôturée en juin dernier. AODB revendique 200 collaborateurs, répartis entre Paris, Strasbourg, Lyon, Bordeaux, Toulouse, 500 clients et 3000 projets. Le groupe ne s'est pas donné d'objectif de chiffre d'affaires mais indique que son seul périmètre actuel devrait compter 500 salariés en 2030.
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