SAP pousse Business Data Cloud pour l'aide à la décision
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L'éditeur allemand SAP mise beaucoup sur sa dernière offre SaaS managée Business Data Cloud au sein de laquelle Databricks apporte sa technologie en gestion de données non structurées. L'éditeur allemand mise aussi, sans surprise, sur l'IA pour répondre aux attentes de ses clients.
SAP réussira-t-il à déchainer les foules (et surtout ses clients) avec sa dernière orientation stratégique business unleashed ? C'est en tout cas ce que croit l'éditeur allemand qui veut faire évoluer ses offres autour de trois piliers : les processus, les données et l'IA. Jan Gilg, directeur des revenus pour la région Amérique et responsable de Business Suite, est convaincu que seul SAP est ainsi en mesure de créer une triade à partir de ces éléments. « Nous aidons les entreprises à concevoir efficacement des chaînes entières de processus », explique ce dernier, pour décrire la dernière approche du groupe. Il s'agit également de préparer les données générées le long de ces chaînes de processus à l'utilisation de l'IA, afin que les responsables en entreprises puissent obtenir de meilleures informations à partir de leurs données.
Le fournisseur mise ainsi sur sa capacité à gérer les données plus efficacement pour répondre aux attentes clients. Pour cela, le groupe a présenté Business Data Cloud (BDC), une plateforme cloud qui centralise et analyse les données en temps réel pour faciliter la prise de décision et améliorer les performances. « Aujourd'hui, de nombreuses entreprises doivent consacrer une grande quantité d'efforts à la gestion de différentes sources de données, à l'harmonisation des paysages de données et à la création d'un niveau de données uniforme. Les entreprises dépensent jusqu'à 50 % de leur budget informatique pour cela », explique Michael Ameling, vice-président exécutif et directeur des produits business technology platform de SAP. « Les sources de données fonctionnent ensemble de manière harmonieuse et fournissent des informations précieuses. » Le fournisseur allemand avait déjà promis quelque chose de similaire il y a environ deux ans avec Datasphere. Dès mars 2023, les utilisateurs pouvaient accéder à toutes les bases de données, dans les systèmes SAP et non-SAP, dans le cloud et sur site via ses outils ou ceux de ses partenaires. Mais le groupe est bien décidé à aller plus loin. Selon Michael Ameling, BDC repose sur Datasphere mais la différence réside cependant dans le fait que cette dernière solution sera une offre SaaS entièrement managée par SAP, tandis que Datasphere nécessitait que les clients l'installent et l'exploitent eux-mêmes.
Des capacités en ingénierie ML apportées par DatabricksL'intégration des divers composants de BDC se fait directement par SAP, permettant aux clients d'utiliser les services associés dès la mise en place. Un effort particulier a été fait avec Databricks, l'éditeur en solutions data store, dont les fonctions sont totalement intégrées dans BDC. « SAP regroupe tout et s'occupe de la gestion, du contrat et du modèle tarifaire », décrit-il. « Cette solution doit prendre en compte les réalités du marché », ajoute son collègue Jan Gilg. En effet, de nombreux clients ont massivement investi dans Databricks et ont clairement indiqué à SAP qu'ils ne pouvaient pas abandonner leurs autres solutions de données au profit de BDC, glisse-t-il. De plus, Databricks apporte des capacités en ingénierie de l'apprentissage machine que SAP ne peut pas proposer dans BDC. SAP et Databricks se complètent : le premier gère les données transactionnelles et opérationnelles, tandis que le second s'occupe des données non structurées.
SAP voit en Business Data Cloud une « base de données harmonisée » qui devrait permettre aux clients d'utiliser l'intelligence artificielle pour toutes leurs données. Le fournisseur a annoncé une série de produits de données couvrant une large gamme de processus d'affaires, allant des finances et de la chaîne d'approvisionnement aux ressources humaines via SuccessFactors. Ces produits de données reposent sur des interfaces préconfigurées dans BDC. L'éditeur promet que les travaux chronophages et coûteux liés à l'extraction et à l'agrégation des données ne seront plus nécessaires. Le groupe parle même d'une véritable économie en termes de produits de données qui pourrait émerger grâce à BDC. L'éditeur prévoit également de proposer des applications d'analyse appelées Insights Apps, qui sont basées sur une combinaison de produits de données et de modèles d'IA. L'entreprise souhaite proposer ces applications d'analyse préconfigurées pour différents secteurs d'activité. Par exemple, Working Capital Insights sera disponible dès le lancement. Enfin, SAP promet également à ses clients une plus grande efficacité pour son propre bot GenAI, Joule, grâce à BDC. Ce dernier sera intégré de manière cohérente dans toutes les applications, créant ainsi davantage de possibilités pour développer de nouveaux agents Joule. Michael Ameling assure que les utilisateurs disposeront de modèles prêts à l'emploi et d'API. L'objectif est de créer des agents capables d'agir de manière autonome les uns avec les autres tout au long de la chaîne de valeur.
Business Suite (enfin) à l'heure du cloudDans le cadre de sa stratégie, SAP ne mise pas que sur Business Data Cloud, loin de là. Après avoir connu son heure de gloire sous l'ère du on-premise, Business Suite n'a pas dit son dernier mot bien qu'il peine encore à répondre aux enjeux des usages 100 % cloud. Rappelons que cette suite est articulée autour de plusieurs composants : ECC (ERP central component), CRM, SRM, SCM et PLM. L'avantage que Business suite apporte du point de vue de l'utilisateur est que tous ses modules d'application sont interconnectés et nativement intégrés, apportant donc une couverture complète des chaînes de processus. Ces capacités sont l'une des raisons pour lesquelles Business Suite est toujours très appréciée de nombreuses entreprises utilisatrices et pour lesquelles de nombreux clients ont investi beaucoup d'argent pendant des années, même si le système qui lui succède, S/4HANA, est sur le marché depuis début 2015. L'Allemand souhaite ainsi surfer sur cette bonne réputation et espère probablement bénéficier d'un nouvel élan, car de nombreux clients hésitent encore à transférer leurs applications critiques vers le cloud. Avec la dernière itération de sa Business Suite, l'entreprise indique être ainsi en mesure d'apporter également des processus de bout en bout dans le cloud, explique le responsable de SAP. Pour y parvenir, la société a rassemblé différentes piles technologiques et services cloud, articulées autour de sa business technology platform (BTP). L'innovation centrale de Business Suite dans le cloud réside dans le fait que des chaînes de processus utilisateur peuvent à nouveau être cartographiées dans un environnement totalement intégré, souligne Jan Gilg, qui ne veut pas réduire ces avancées à un simple lancement produit.
À ce stade, Jan Gilg explique que ces offres ne peuvent être optimisées que si les systèmes correspondants chez SAP fonctionnent dans le cloud. Le responsable ne cache pas que l'entreprise fait tout son possible pour encourager activement ses clients à migrer vers le cloud. Par le passé, la société de logiciels n'a pas toujours eu des relations sans heurts avec sa clientèle. Ces dernières années, les utilisateurs ont souvent critiqué des lacunes fonctionnelles, un manque d'intégration et une harmonisation des données inégale dans les solutions cloud de SAP. Cela fait désormais partie du passé. « Nous sommes maintenant à un stade où nous pouvons vraiment parler d'une Business Suite dans le cloud », affirme Jan Gilg. SAP s'est toujours distingué en « ne résolvant pas les problèmes individuels avec des applications isolées ou des solutions best-of-breed, mais en abordant les processus d'affaires de manière globale ». Ce sont précisément ces processus d'affaires qui doivent être couverts dans les logiciels SAP, et de manière que le client n'ait au final aucun effort d'intégration à fournir. Le message clair des responsables de SAP est que cela fonctionne de manière optimale lorsque la solution est entièrement gérée par SAP et fonctionne dans le cloud. Nombre de ces intégrations fonctionnent également dans le cloud privé, mais seulement si les clients suivent les bonnes pratiques de SAP et conçoivent les extensions de manière à respecter les spécifications du « coeur propre » de SAP. Toutefois, un certain travail de projet est souvent encore nécessaire dans le cloud privé.
Les solutions on-premise nécessitent plus de temps projetSelon SAP, les clients on-premise auront cependant davantage de travail à fournir, mais il met à leur disposition des API et des intégrations correspondantes. « Cela implique naturellement beaucoup plus de travail de projet », souffle Gilg. Les clients doivent ainsi effectuer beaucoup de tâches et s'assurer que les intégrations nécessaires fonctionnent correctement. « En conséquence, la nouvelle Business Suite est également une suite cloud. » Reste à voir si les utilisateurs de SAP suivront la voie de leur fournisseur de logiciels. Or le groupe des utilisateurs SAP allemand Dsag ne se fait pas d'illusions : « SAP n'a pas créé de nouveau logiciel », tacle Thomas Henzler, membre du conseil d'administration de Dsag. « La Business Suite est avant tout une vision cible, mais pas un produit [...] À l'avenir, les clients achèteront un système d'ERP soit dans le cloud public ou privé », explique le responsable.
Les nouveaux parcours de migration Rise et Grow, annoncés dans ce cadre, visent à guider les clients vers cet objectif. Du point de vue de SAP, S/4HANA Cloud Public Edition - ou désormais Cloud ERP Public - est son produit stratégique. En ce qui concerne l'intégration, le représentant du Dsag déclare : « Dans le passé, SAP a développé une plateforme technique Cloud Integration Suite et une cartographie associée. Les clients devaient cependant l'implémenter, la payer et l'exploiter eux-mêmes. » Mais SAP souhaite proposer de plus en plus d'intégration managée en prenant également en charge l'exploitation technique. Celle-ci existe déjà ici, mais mais pour l'instant seulement dans le contexte S/4HANA Cloud, Public Edition. « Au coeur de Business Suite, cependant, il y a aussi une incitation commerciale pour les clients à acheter davantage de produits SAP, grâce à de nouveaux barèmes de réduction basés sur le nombre de produits SAP utilisés », explique M. Henzler. L'éditeur semble donc vouloir rendre cette solution plus attrayante pour les clients : « Ils devraient utiliser les produits SAP, en particulier dans les solutions métier telles que la gestion de la relation client, au lieu de s'en remettre à un autre fournisseur », assure-t-il.
Edition du 21/02/2025, par Martin Bayer, IDG NS (adapté par Jean Elyan)
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