Linagora débranche temporairement son assistant GenAI Lucie
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Lancé en test la semaine dernière, l'assistant GenAI nommé Lucie a été suspendu au début du week-end. Plusieurs réponses erronées ont provoqué un déferlement de critiques sur l'initiative portée par Linagora. Ce dernier a reconnu une erreur de communication et plaide un travail de recherche en phase initiale.
Une tempête a soufflé sur la plateforme GenAI de Linagora, qui a bénéficié de fonds publics pour son développement (près de 10 millions d'euros dans le cadre de l'appel à projets Communs numériques pour l'intelligence artificielle générative). L'éditeur open source a suspendu son assistant Lucie après une vague de critiques suite à ses premiers pas en milieu de semaine dernière. Ce chatbot repose sur LLM du même nom développé par un consortium OpenLLM regroupant plusieurs acteurs dont le Genci, Inria, Thales, L'Ecole Polytechnique, Loria, CNRS Idris, CEA, Université Panthéon-Sorbonne. Michel-Marie Maudet, DG de Linagora avait lors d'un entretien au Monde Informatique détaillé les travaux sur Lucie. L'objectif est de créer un modèle d'IA avec des données d'entraînement françaises et libres de droit.
L'assistant a été lancé en test en milieu de la semaine dernière. Plusieurs personnes ont constaté des erreurs dans les réponses. Un professeur lui a demandé de faire un calcul simple 5 (3+2) et Lucie lui a donné un résultat, puis l'enseignant a voulu savoir comment il avait obtenu ce résultat et le chatbot lui en a donné un autre. Un autre testeur a sollicité son avis sur les oeufs de vache et Lucie lui a répondu « les oeufs de vaches connus sous le nom oeufs de poules sont des oeufs comestibles produits par des vaches ». D'autres se sont amusés à le contredire sur le nom du président de la République et l'assistant a à chaque fois modifié sa réponse.
Une suspension temporaire avant une meilleure communication
Devant la montée en puissance des critiques sur les réseaux sociaux, Linagora a donc pris la décision de suspendre temporairement Lucie. Dans un communiqué, la société a fait une mise au point sur la plateforme Lucie.chat. Elle précise qu'il s'agit avant tout « d'un projet de recherche académique visant à démontrer les capacités à développer des communs numériques d'IA générative ». En conséquence, « toute utilisation dans un contexte de production est donc prématurée », indique-t-elle.
Linagora plaide aussi le manque de communication. « Nous savons bien entendu que les capacités de "raisonnement" (y compris sur des problèmes mathématiques simples) ou encore la capacité à générer du code de la version actuelle de Lucie sont insatisfaisantes », glisse l'éditeur dans son communiqué. Et d'ajouter, « nous aurions dû informer les utilisateurs de la plate-forme de ces limites de telle manière à ne pas créer d'attente inutile ». Certains acteurs de l'IT sont venus à la rescousse de Linagora comme Quentin Adam, fondateur de Clever Cloud, qui rappelle que Lucie est « un modèle de fondation il lui faut beaucoup d'autre pièce à commencer par un instruct pour faire un chatGPT qui est un assemblage très compliqué de beaucoup de choses ». De son côté, Cyrille Cardoso, fondateur de la start-up Poloria, estime « ces remarques faciles montrent un double problème : une inculture technologique flagrante et un réflexe trop courant de dénigrer nos initiatives nationales alors qu'elles ont plus que jamais besoin de notre soutien ». Ce bad buzz intervient néanmoins à quelques jours du sommet sur l'IA à Paris.
Edition du 27/01/2025, par Jacques Cheminat
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