Avec 1 400 collaborateurs aujourd'hui, contre 300 avant le rachat d'Alti pour un montant de 75 millions d'euros, TCS France a considérablement renforcé sa surface dans l'Hexagone.
Terre de SSII, la France possède de grands champions dans le domaine du conseil et des services en nouvelles technologies. En 2007, le rachat de TKS en France avait permis à Tata Consultancy Services, la plus grande société de service indienne avec 310 000 salariés aujourd'hui, de sortir de l'ombre dans l'Hexagone. TCS France s'implantait durablement sur le territoire français mais la crise des années 2008-2009 et les coupes dans les budgets IT des entreprises avaient douché les ambitions de la SSII indienne. Depuis, les recrutements se sont poursuivis au siège de la Défense et, surtout, l'acquisition en 2013 de la société française Alti, spécialisée dans l'intégration des solutions SAP et le secteur banque/assurance, a permis à TCS de faire un bond en avant. En 2012, Alti a réalisé un chiffre d'affaires de 126 millions d'euros (106 M€ en 2010, 105 M€ en 2011), avec 1 200 salariés, dont 200 en Belgique. Elle figurait dans le top 5 des intégrateurs SAP en France. Pour TCS, c'était l'occasion de se renforcer de manière significative sur un marché français qui est l'un des trois plus grands en Europe dans le domaine des services informatiques. La SSII indienne pesait 46,4 M€ de chiffre d'affaires en France en 2012 (30,5 en 2011), cette croissance externe l'a fait bondir de la 65ème à la 25ème place dans le classement des sociétés de services en France, par le cabinet Pierre Audoin Consultants.
Pour faire le point sur l'intégration d'Alti, nous avons rencontré le mois dernier Serge Acito, directeur de projets stratégiques de TCS France, qui a rejoint la SSII indienne il y a trois ans après une quinzaine d'années chez Capgemini. « En terme d'effectifs, la France est aujourd'hui le troisième pays en Europe après l'Angleterre et la Suisse avec 1000 personnes issues d'Alti et 200 de TCS. [...] Pour l'intégration d'Alti, nous avons aligné l'organisation de cette dernière sur TCS, avec l'alignement des secteurs et des lignes de services. Et ce, tout en développant les lignes de force d'Alti pour conserver son ancrage local ». Selon le dirigeant, les lignes de force d'Alti dans le développement et la maintenance applicative, le testing, l'intégration, l'expertise SAP et le digital - la dernière branche lancée avant le rachat avec les activités mobilité, big data et analytique - sont venues renforcer TCS France dans une logique d'innovation. « Alti devait devenir une plate-forme de croissance après l'intégration avec TCS ». Aux expertises ERP, BI, testing et services applicatifs d'Alti, TCS France a apporté ses métiers dans le BPO, l'engineering (15 000 ingénieurs dans le monde pour l'automobile, l'énergie, la CPG...). Land-Rover et Jaguar, des filiales de Tata, bénéficient du savoir-faire de TCS dans l'informatique industrielle, le pilotage de systèmes Scada ou le PLM.
Pour se familiariser avec la culture Tata, des cadres d'Alti sont ainsi partis en Inde et les échanges restent très importants. « Notre volonté était d'embarquer tout le monde. Les managers sont d'ailleurs toujours présents. Nous avons consenti un investissement conséquent qui s'est poursuivi avec la création en mai dernier d'un centre d'innovation SAP à la Défense à vocation européenne ». A terme, 415 personnes seront installées à la Défense pour travailler sur les problématiques de clients avec des experts internes sur HANA, le retail ou l'énergie.
Le centre de services d'Alti à Poitiers, dédié aux nouvelles technologies comme le digital, vient d'être renforcé par TCS France. Il abritera bientôt une soixantaine de collaborateurs contre une trentaine en 2013. Aux 18 collaborateurs déjà recrutés, douze autres embauches devraient s'ajouter d'ici mars 2015, selon le dirigeant. Ces nouvelles recrues pourront bénéficier du programme de formation de la SSII en Inde. Dans le cadre du dispositif « Fast Track to Success », une centaine de jeunes diplômés pourront en effet commencer leur CDI à Bangalore, Mumbai, Chennai ou Calcutta pendant une période de six mois avant de démarrer leur carrière en France, nous a expliqué M. Acito. « Les premiers sont partis en septembre dernier ». Le centre de Lille, spécialisé dans la distribution, va également renforcer sa quarantaine de collaborateurs. 500 recrutements sont attendus sur l'année fiscale.
Le rachat d'une société de conseil est toujours une opération délicate car la vraie richesse réside dans les hommes et le danger était grand de perdre des talents et des clients. Serge Acito se félicite de ne pas avoir perdu de clients et d'avoir gagné de nouveaux contrats comme GDF Suez pour développer et maintenir ses applications de CRM et de facturation. Avec BNP-Paribas, TCS a mis en place la plate-forme de Hello Bank. « Nous sommes aujourd'hui naturellement consultés pour des appels d'offres dans les principaux secteurs tels la finance, l'assurance, les utilities, l'industrie et la distribution ». Après ce rachat, TCS vise aujourd'hui une croissance organique, nous a assuré le dirigeant qui indique que l'entreprise a désormais passé un cap en France. « Mais nous sommes toujours à l'écoute, si une opportunité se présente dans une niche, nous regarderons ».
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