Très discret, Cloudwatt se prépare néanmoins au lancement imminent de ses offres. Les raisons de ce mutisme, les modalités de commercialisation, les relations avec les actionnaires : autant d'objections que réfute Patrick Starck, le CEO de Cloudwatt.
Distributique.com : Ces trois derniers jours on a pu rencontrer trois fois Numergy très présent sur des évènements, mais Cloudwatt n'a pratiquement plus communiqué depuis son lancement le 2 octobre dernier, est-ce normal ?
Patrick Starck : Nous, on construit from scratch (*), alors que Numergy a bénéficié du transfert des offres cloud computing de SFR Business Team. La différence est claire. Avec nos actionnaires, nous avons décidé d'une stratégie de construction d'offres, avec des offres de stockage qui seront disponibles au début de l'été et commercialisées ensuite et des offres de VM lancées au début de l'automne.
Notre projet ne se résume pas à une question de timing. Pour se développer dans un marché du cloud public qui est en train de s'ouvrir et de démarrer, il faut une infrastructure complète, des solutions et prendre le temps de les développer.
La société se met en place, nous avons actuellement 55 salariés et seront à 100 à 120 en fin d'année. Nous inaugurons de nouveaux locaux en juillet. Cloudwatt est une start-up.
Distributique.com : Quelles sont vos relations avec vos actionnaires industriels, Orange et Thales qui détiennent respectivement 44,4% et 22,2%, la Caisse des Dépôts disposant des 33,3% restants ?
Patrick Starck : D'abord, nous avons des relations normales avec nos trois actionnaires, deux industriels et un financier. Ils ont une vision de long terme, une vision d'industriels qui nous correspond puisque nous sommes un industriel ! Le capital-risque raisonne à plus court terme et veut sortir un jour du capital. Nous évitons ce risque. Il est d'ailleurs prévu qu'un nouvel actionnaire puisse entrer et pour moi, l'idéal serait un actionnaire européen, qui déploie nos offres sur un autre périmètre.
Deuxième point, nos actionnaires industriels sont, l'un, un spécialiste des communications, l'autre, de la sécurité des systèmes. Ce sont autant l'un que l'autre de grands acteurs industriels et des fournisseurs potentiels de Cloudwatt pour certaines prestations. Avec Orange, on travaille aussi dans le SDN.
Troisième aspect, ces industriels sont aussi des intégrateurs et moi je suis un fournisseur de services de cloud, ils peuvent donc s'intéresser aux solutions de Cloudwatt. Mais il n' y a pas d'obligations réciproques, Orange a par exemple son offre Flex computing et c'est très bien comme ça.
Ce sont à la fois des actionnaires et des partenaires industriels potentiels.
Distributique.com : Vos offres vont arriver avant la fin de l'été, comment seront-elles ensuite commercialisées ?
Patrick Starck : Nous avons une stratégie de commercialisation hybride avec du e-commerce et de l'indirect. Le site de e-commerce sera un premier point d'accès, avec des interfaces particulières pour les grands comptes qui souhaiteront utiliser ce mode d'accès massivement. Pour des besoins plus spécifiques, nous passerons par des VAI (value added integrator) différents des VAR. Ce sont des acteurs aptes à gérer des SLA avec plusieurs fournisseurs. Nous sommes en cours de recrutement de tels partenaires.
Nous recherchons également, pour compléter nos offres des partenaires éditeurs. Soit des éditeurs de logiciels d'infrastructure, soit des éditeurs métiers.
Distributique.com : On vous prête toujours des entrées privilégiées dans le secteur public, que répondez-vous ?
Patrick Starck : Nous n'avons aucun secteur réservé, c'est faux. Dans le secteur public, les appels d'offres sont ouverts. Ceux qui nous critiquent ainsi éprouvent tout simplement des difficultés à répondre aux demandes dans ce secteur ou à comprendre son organisation.
J'ajoute, qu'à titre personnel, si c'était un nouveau « plan calcul », je ne serais pas venu sur ce projet. On oublie ce qu'était ce Plan, il impliquait que les administrations et tout le secteur public passent obligatoirement par certains fournisseurs. Conséquence : l'utilisateur se retrouvait prisonnier et le prestataire n'avait pas à fournir d'efforts.
Nous ne sommes pas du tout dans ce schéma. La notion de cloud souverain signifie que nous voulons donner à l'utilisateur la sécurité de ses données et de ses traitements. Et Cloudwatt s'adresse aux grands comptes du secteur public comme du secteur privé et aux PME, bref à tout type de clientèle, quel que soit le secteur ou la taille.
Distributique.com : Autre reproche qui vous est fait, votre « agression » contre les hébergeurs auxquels vous prédisez une disparition certaine.
Patrick Starck : Je raisonne à long terme, à moyen terme les hébergeurs vont se développer. Mais le cloud computing, c'est de la masse critique, de la mutualisation, donc le contraire à terme de l'hébergement où vous bloquez telle capacité. Vous réservez par exemple 100 serveurs. Dans le cloud je consomme à l'utilisation, 5, 10 ou 100 serveurs pendant tel laps de temps pour telle utilisation, et pas telle capacité définitivement. Pour prendre une comparaison dans la vie courante, c'est comme réservez un Vélib, vous le réservez pour un trajet, une utilisation, vous ne prenez pas 10 Vélib définitivement.
(*) en partant de zéro
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