De gauche à droite : Thierry Isckia (professeur de stratégie à l’Institut Mines-Télécom Business School), Marc Dollois (directeur général de VMware France), Caroline Comet-Fraigneau (vice-présidente France, Benelux, Afrique et Moyen-Orient d'OVH) et Jean-Matthieu Tilquin (responsable des solutions ChapsVision) le 18 avril 2023 à Paris. (crédit : D.F.)
Conscients de la connotation lourde - et parfois galvaudée - des termes souverain et de confiance en évoquant les clouds divers et variés installés dans nos régions, le français OVH et la filiale hexagonale de l'américain VMware poussent la notion de cloud autonome stratégique. Mais peut-il réellement exister ?
OVH et VMware sont loin d'etre de parfaits inconnus. Au contraire même : partenaires depuis plus de 10 ans, le fournisseur roubaisien avait même mis la main en 2017 sur l'activité vCloud Air du spécialiste de la virtualisation. Une entente cordiale (et business) qui se poursuit encore aujourd'hui, la firme américaine ayant comme partenaire technologique principal en France OVH. Pour peser contre les hyperscalers - AWS, Google et Microsoft en tête - l'hébergeur met en avant la localisation de ses infrastructures sur le territoire hexagonal et bien sûr le sceau de l'Anssi sur son offre Private Host Cloud, l'une des rares bénéficiant de la qualification SecNumCloud (avec Outscale de Dassault Systèmes et Cloud Temple notamment). Le tout délivré sur la pile d'infrastructure VMware VCF pour motoriser son cloud hexagonal.
« On ne peut pas raisonner qu'en termes franco-français. Il existe des contraintes réglementaires partout dans le monde où l'on se doit de se conformer aux différentes législations et exigences locales », a expliqué Caroline Comet-Fraigneau, vice-présidente France, Benelux, Afrique et Moyen-Orient d'OVH à l'occasion d'un point presse le 18 avril. Pour peser contre les hyperscalers, le fournisseur pense donc avoir suffisamment d'arguments auprès des entreprises pour peser dans la destinée des clouds hexagonaux et leur succès auprès des entreprises. Un positionnement auquel VMware France se rallie aussi volontiers : « Le challenge n'est pas de s'attarder sur les réglementations mais de savoir comment on peut concevoir un cloud autonome », avance Marc Dollois, directeur général de la filiale française de VMware.
Un cloud autonome qui coche toutes les cases
Dans les tuyaux depuis 2017, l'offre Sovereign Cloud de VMware a fini par sortir de terre fin 2022 avec l'annonce du coup d'envoi de cette offre lors du dernier événement Explore 2022 de l'éditeur en novembre dernier. « Notre technologie permet de garder le contrôle des données et de répondre aux fondamentaux du cloud souverain en termes de sécurité, de compliance, de territorialité, d'interopérabilité et de portabilité », précisait alors Laurent Allard, directeur de l'activité EMEA Sovereign Cloud chez VMware et ... ancien directeur général d'OVH à l'époque du rachat de vCloud Air. La particularité de cette offre est de faire tourner des instances dans des datacenters cloud déconnectés de l'Internet public afin d'assurer une étanchéité aussi en termes d'accès aux données et limiter en particulier la surface d'attaque autant que les fuites de données. La question reste de savoir de quelle latitude dispose VMware France face au Cloud Act et au Patriot Act. Une immunité aux lois extraterritoriales réclamée par la dernière version du référentiel SecNumCloud de l'Anssi.
« Le numérique de confiance est un sujet politique », a de son côté expliqué Jean-Matthieu Tilquin (responsable des solutions ChapsVision) et ancien dirigeant d'Arkadin. « Pour que la France pèse sur ce sujet, elle a besoin d'un cloud de confiance autour de la donnée, d'autonomie stratégique pour les traiter et les manipuler, de transparence s'il n'est pas souverain sachant qu'il ne peut pas y avoir de confiance sans éthique ». En France, OVH a déjà séduit plusieurs entreprises qui utilisent son offre Private Host Cloud couplée à VMware VCF, dont Auchan Retail France et des éditeurs de logiciels comme Tehtris ou encore Sekoia.
Suivez-nous