Bientôt dissout, le Cinov Numérique comptait 200 à 240 sociétés membres. Désormais, elles doivent faire le choix de rallier Numeum ou de rester dans la sphère de la Fédération Cinov à travers le syndicat à naître Cinov Digital. Crédit : Cinov Numérique
Un nouveau syndicat patronal ouvert aux petites entreprises du numérique doit voir le jour prochainement sous le nom de Cinov Digital. La Fédération Cinov le soutient et veut en faire l'un de ses membres pour combler le vide laissé par le ralliement du Cinov Numérique à Numeum.
La décision du Cinov Numérique de se faire absorber par Numeum à la mi-décembre n'a pas été du goût de la Fédération Cinov. Réagissant à la perte d'un de ses membres, le regroupement de syndicats patronaux soutient la création d'une nouvelle organisation professionnelle, dédiée elle aussi à la représentation et à la défense des indépendants, TPE et PME de l'IT. Cinov Digital, c'est son nom, sera présidé par Didier Balaguer, le dirigeant de l'éditeur isérois datBIM, dès lors que son existence sera validée par l'administration. Issu des rangs des adhérents du Cinov Numérique, dont la dissolution est en cours, l'homme faisait partie des opposants au projet de fusion du syndicat avec Numeum qu'il juge sans intérêt.
« Pas de conjonction d'intérêts avec Numeum »
« Il est préférable que nous gardions la maîtrise de notre syndicat. Numeum est composé de poids lourds de l'IT comme AWS, SAP ou Sage et de grosses ESN, alors que nous sommes de petites structures. Il n'y a donc pas de conjonction d'intérêts entre eux et nous, notamment dans le cadre des négociations de branche », estime Didier Balaguer. Selon Olivier Bouderand, ex-membre du bureau de Cinov Numérique qui a oeuvré en faveur du rapprochement avec Numeum, l'argument ne tient pas : « Sur les 2 500 adhérents de Numeum, seuls 300 sont réellement des gros faiseurs. Les autres sont de tailles plus modestes. En outre, la fusion avec Numeum s'est accompagnée de la création d'une commission « ITPME » [Ndlr : Indépendants, TPE et PME] présidée par Renaud Tisserant, l'ex-président de Cinov Numérique. »
Quoi qu'il en soit, ce ne sont pas des considérations de tailles mais plutôt des divergences métiers qui ont amené le Cinov Numérique à sortir de la Fédération Cinov. Au sein de cette dernière, il était le seul des 14 syndicats qu'elle regroupait à être tourné vers le marché de l'informatique. Les autres évoluent notamment dans la surveillance de la qualité de l'air (ATMO France), le conseil et l'ingénierie dans tous les domaines de l'industrie (Cinov Industries & Technologies), l'ingénierie en restauration et hôtellerie (Cinov Restauconcepteur), l'ingénierie touristique, culturelle et sportive, ou encore l'accompagnement du coaching et de la supervision (SIMACS). « La Fédération Cinov est surtout issue des métiers techniques du bâtiment. De fait, les membres du Cinov Numérique avaient la sensation qu'elle ne mettait pas suffisamment leurs métiers en avant et ne leur donnait pas suffisamment de moyens », explique Olivier Bouderand. « En outre, la fédération voyait d'un mauvais oeil que nous gérions nous-mêmes l'assurance responsabilité civile professionnelle que nous avons créée sur mesure pour les entreprises de notre secteur il y a de cela des années et, à l'époque, en dehors de sa sphère. Or, plus de 50 % de nos adhérents ont rejoint la syndicat pour en bénéficier. C'est actif essentiel a été transféré chez Numeum », ajoute-t-il.
« Cinov IT sommé de rester ou de partir »
Ces frustrations ne dateraient pas d'hier et ont fini par aboutir à des réflexions informelles sur l'opportunité pour le Cinov Numérique de demeurer ou pas au sein de la Fédération Cinov. Les choses se sont accélérées l'été dernier, lorsque Emmanuelle Roux a démissionné de la présidence de Cinov Numérique et a été remplacée par un bureau composé de Renault Tisserant, Olivier Lys et Olivier Bouderand. Ce dernier relate que « rapidement, la présidence de la Fédération nous a demandé de faire un choix entre rester ou partir. Cela nous a amené à demander l'avis de nos adhérents à travers un scrutin organisé par conséquent dans l'urgence. Finalement, c'est le oui au départ qui l'a emporté. »
« C'est le résultat de la volonté d'une minorité qui a obtenu une majorité », estime Didier Balaguer. Sans compter que, selon lui, le scrutin aurait été entaché d'irrégularités : « Les listes de votants comportaient 20 % à 30 % de noms de plus que le nombre d'adhérents à jour de cotisations en droit de voter. » Olivier Bouderand se défend de toute tentative du bureau alors en place de tricher. « Ayant dû organiser le scrutin dans l'urgence et dans un soucis de n'oublier personne, nous avons effectivement pu envoyer des convocations à des membres qui n'étaient pas à jour de cotisation. Mais leurs votes n'ont pas été pris en compte lors du dépouillement, même lorsqu'ils étaient en faveur d'un ralliement à Numeum », assure-t-il.
La suite se jouera sur la capacité à rallier des membres
La messe étant maintenant dite, la compétition entre les pro-Numeum et les pro-Fédération Cinov va se jouer sur leur capacité à faire entrer le plus grand nombre possible de petites entreprises de l'IT dans leurs rangs. Chez Cinov Digital, on estime que la majorité des 200 adhérents à jour de cotisation au moment de la sécession de Cinov Numérique ralliera ses rangs. Comme on peut s'y attendre, le son de cloche est différent du côté des ex-Cinov Numérique qui indique qu'une centaine de membres (sur 240 au total) a déjà décidé de rejoindre Numeum, tandis qu'une autre centaine resterait encore indécise et que seules 20 à 40 sociétés entreront chez Cinov Digital.
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