La distribution aime l'euro faible

L'affaiblissement continu de l'euro implique logiquement une hausse des produits informatiques achetés en dollars, autrement dit la quasi-totalité d'entre eux. En théorie, l'euro faible pourrait donc ralentir le regain des ventes. Ce n'est pas du tout l'avis des grossistes et des revendeurs IT, qui considèrent au contraire qu'il s'agit d'une très bonne nouvelle. Explication.

En ce début juin 2010, Airbus a signé avec la compagnie Emirates le plus gros contrat jamais conclu dans l'aviation civile : 11,5 milliards de dollars pour 32 A380. La forte baisse de l'euro par rapport au dollar n'est évidemment pas étrangère à ce succès : elle favorise l'ensemble des industriels de la zone euro.
En toute logique, on pouvait penser que, à contrario, cet euro faible allait pénaliser tous les distributeurs européens qui commercialisent des produits achetés en dollars. Ce n'est apparemment pas le cas.

« C'est une très bonne nouvelle pour les marchés IT
, estime René-Luc Caillaud, Directeur Général d'ETC et Président du Syndicat des Grossistes Informatiques. Concrètement, les inévitables hausses des prix que l'on commence à observer n'auront que peu d'effets sur le niveau des ventes : les revenus vont donc mécaniquement augmenter cette année ». Réaliser un chiffre d'affaires plus important en vendant moins de machines : présenté de cette manière, l'euro faible serait une aubaine. « La reprise est là est la hausse du dollar ne va pas l'annuler, affirme Lionel Vargel, Directeur Général du revendeur Compufirst. La hausse des prix des matériels informatiques va effectivement avoir un impact positif sur la valeur, même si les marchés restent tendus. »

« Acheter rapidement est un réflexe prudent »

Les tensions en question concernent principalement des reports d'achat, dans les entreprises comme chez les particuliers. Une hausse des prix d'environ 10% pourrait donc conduire les uns et les autres à repousser encore de quelques mois leurs commandes. « Ce que souhaitent avant tout les revendeurs IT, c'est d'avoir des prix sécurisés pour ne pas avoir à annoncer aux entreprises que les prix initialement annoncés n'étaient pas les bons, commente René-Luc Caillaud. Pour le reste, la hausse du dollar et des prix va au contraire convaincre nombre d'acheteur à anticiper leurs décisions, car chacun sait qu'elle ne fait que commencer ».
« Tout le monde s'attend en effet à ce que l'euro ne soit plus que très légèrement supérieur au dollar en septembre prochain, indique Lionel Vargel. Acheter le plus rapidement possible est donc un réflexe prudent ».

En fait, la principale interrogation de la distribution concerne la forme et la fréquence des hausses de prix. Pour les revendeurs, elles seraient plus difficiles à gérer si elles deviennent très fréquentes. Pour les fournisseurs, le rythme trimestriel pourrait être insuffisant pour répercuter l'évolution de la parité euro/dollar.
« Il existe une autre voie, qui est de raccourcir la durée des opérations promotionnelles, qui se sont généralisées à toutes les époques de l'année », conclut René-Luc Caillaud.

Si la baisse de l'euro satisfait à la fois les importateurs et les exportateurs européens, cette monnaie ne risque pas d'être défendue avec une grande vigueur...

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