La communauté open source réagit après l'acquisition de Red Hat

« IBM a besoin de l’innovation de Red Hat pour se développer dans le cloud », nous a expliqué Marc Palazon, président de Smile. (Crédit : D.R.)

« IBM a besoin de l’innovation de Red Hat pour se développer dans le cloud », nous a expliqué Marc Palazon, président de Smile. (Crédit : D.R.)

Avec l'acquisition par IBM de Red Hat, les solutions open source de ce dernier vont venir enrichir le catalogue de big blue qui veut développer son empreinte dans le cloud hybride. Interrogés par la rédaction, les présidents de Smile et d'Alter Way, ce dernier également co-président du CNLL, ne sont pas inquiets a priori mais mettent en garde sur le respect du modèle open source et des communautés.

Si le rachat de Red Hat par IBM, annoncé dimanche soir, n'est pas d'emblée perçu comme un danger pour les solutions acquises, les intégrateurs de solutions open source s'interrogent néanmoins légitimement sur la façon dont les choses vont évoluer. « Il n'y a que l'avenir qui nous dira comment se passeront les relations avec la communauté », a prévenu Marc Palazon, président de Smile, intégrateur de solutions open source. Et ce dernier de mettre en garde : « La composante open source doit être respectée en tant que telle. Red Hat a son modèle et sa communauté, il faut voir comment ce sera respecté ». Concernant le choix fait par IBM, il lui paraît très clair. « On connaît la volonté d'IBM de se développer dans le cloud et c'est ce que Red Hat a fait il y a quelques années, il y a donc une certaine logique. Red Hat a acquis un savoir-faire et une technologie dans le cloud dont IBM a besoin pour continuer à innover et se tourner de plus en plus vers l'open source ».

Pour Philippe Montargès, président d'Alter Way, l'acquisition de Red Hat par IBM confirme que l'open source est vraiment devenu la pierre angulaire de toute opération de développement pour tous les grands offreurs de solutions cloud. « Cela devient vraiment un levier de croissance. Jusqu'à présent, c'était d'abord un apport en technologie et en innovation, c'est ce qui a fait le succès des acteurs d'Internet dans le cloud. Mais nous sommes passés à un autre stade. Red Hat est le premier acteur, il est rentable. Historiquement, IBM avait réussi un virage vers le logiciel et les services, mais il était sur la touche. Maintenant, la combinaison open source et cloud fonctionne à plein. IBM se définit comme un leader de l'hybride, avec ce rachat, il redevient un acteur qui compte », analyse Philippe Montargès. Sur le marché des grandes entreprises et pour fidéliser ses positions, IBM a besoin d'accompagner ses clients sur les environnements hybrides face à Microsoft et Google qui veulent s'imposer dans le cloud. « C'est un joli coup de la part d'IBM. C'est une façon de se remettre dans le jeu. Il reste à savoir si ce sera rentable à terme », ajoute le président d'Alter Way.

Attentif au respect de l'équilibre open source

Concernant le portefeuille racheté, Marc Palazon, président de Smile, rappelle qu'une des forces de Red Hat est de drainer une communauté importante sur ses outils et que la réaction de celle-ci jouera donc beaucoup sur la réussite future de l'opération. « L'une des valeurs ajoutées de Red Hat va bien au-delà de ses propres solutions, il faudra donc bien suivre la communauté et voir comment elle va digérer ce rapprochement », insiste-t-il en estimant que cela dépendra beaucoup de la façon dont IBM va gérer cette indépendance open source. En annonçant l'acquisition, Virginia Rometty, présidente d'IBM, a assuré que la gouvernance ouverte de Red Hat serait maintenue de même que sa participation à la communauté open source. « Ils savent que c'est un point critique », insiste le président de Smile. En conclusion, s'il n'est pas inquiet de ce rachat, Marc Palazon reste donc attentif au respect de l'équilibre open source et vigilant à ce qu'il n'y ait pas de destruction de valeur.  

Sur l'open source, IBM était déjà très présent, il a notamment fortement contribué au noyau Linux, rappelle de son côté Philippe Montargès en pointant qu'avec ce rachat, il met la main sur les offres clés de Red Hat autour de la distribution Linux, mais aussi d'Openstack, Openshift sur la gestion de containers, etc. « Tout un écosystème d'offres pour être présents dans des communautés phares en termes d'infrastructures cloud : sur Openshift, Kubernetes, Docker. Il se repositionne sur tous les enjeux où il était absent », constate Philippe Montargès qui, en dehors d'Alter Way, est également co-président du CNLL. Le Conseil national du logiciel libre est l'instance représentative, en France, des associations et groupements d'entreprises du logiciel libre. Sur ce terrain, Philippe Montargès prévoit que ces sujets seront fortement évoqués sur la conférence Paris Open Source, en décembre prochain.

Les Européens absents du cloud...en dehors d'OVH

« L'open source, ce n'est pas qu'une technologie, c'est une gouvernance, un modèle d'animation des communautés, une logique de contribution, de reversion. C'est cette logique qu'il faut garder », souligne Philippe Montargès en tant que co-président du CNLL. « Au bout de deux ans, si on n'anime pas la communauté, la technologie est morte. » Il évoque un autre sujet qui le préoccupe. « Ce rachat est une opération américano-américaine. Les Européens en sont complètement absents, personne ne pourrait faire cette acquisition en Europe. Le monde du cloud est un monde qui se construit vite et les Européens en sont absents », regrette-t-il en ajoutant cependant « En France, un seul acteur est capable de jouer dans cette cour-là, c'est OVH ».

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