La plénière du POSS (11 et 12 décembre à Paris Docks) a été retransmise en direct sur Internet ce matin. De gauche à droite, Marc Palazon, président du comité open source et administrateur de Syntec Numérique, Philippe Montargès, président du Hub open source de Systematic, Stéphane Fermigier, co-président du CNLL, et Amel Charleux, chercheuse à l'Université de Montpellier. (Crédit : POSS)
En France, le chiffre d'affaires généré par l'open source progresse plus de deux fois plus vite que le marché IT dans son ensemble. Selon l'étude présentée ce matin lors de l'événement Paris Open Source Summit, cette croissance devrait être de 8,8% par an jusqu'en 2023.
L'open source a atteint une maturité qui en fait un élément fondamental de l'IT dans le monde et il continue à se développer fortement, en particulier en France. En 2020, le chiffre d'affaires en logiciels et services IT qu'il générera dans l'Hexagone devrait atteindre 5,6 milliards d'euros, en hausse de 8,6%, selon les projections de l'étude présentée ce matin sur Paris Open Source Summit (10 et 11 décembre aux Docks de Paris). « C'est plus du double de la croissance du marché IT français », a souligné ce matin Marc Palazon, président du comité open source et administrateur de Syntec Numérique. Réalisée par Teknowlogy pour le CNLL, Syntec Numérique et Systematic, l'enquête s'appuie sur les réponses de décideurs dans 117 organisations en Europe. Le marché français est le plus important en volume comparé aux autres pays européens. Il doit cette large incursion dans l'open source à une forte culture du développement spécifique et de l'intégration de systèmes hétérogènes, ainsi qu'à l'investissement historique des administrations dans ce domaine, rappelle l'étude. En Allemagne, compte-tenu de la domination d'un acteur comme SAP, le marché reste moins important avec 5,1 Md€ (+8,2%) prévus en 2020, mais devrait se dynamiser davantage à l'avenir. Au Royaume-Uni, où il est surtout développé par de grands fournisseurs américains, il atteindra 5,3 Md€ l'an prochain (+7,6%). Dans le reste de l'Europe, l'open source progressera de 9,6% à 9,2 Md€ sur des pays aujourd'hui moins matures.
En France, en se projetant au-delà de 2020, l'étude prévoit une croissance annuelle de 8,8% pour tourner autour de 7,5 Md€ en 2023. L'open source représente aujourd'hui 10,3% du marché de l'IT dans l'Hexagone. « C'est une très grosse progression par rapport aux 2 ou 3% des premières études, ce n'est plus quelque chose de parcellaire mais une fondation de l'IT globalement », pointe Marc Palazon. « Et on devrait atteindre les 12% en 2023 grâce à une croissance plus soutenue que le marché de l'IT ». Par nature, rappelle l'étude, l'open source comporte un niveau important de services IT, utilisée pour des développements spécifiques et présente fortement dans des technologies d'innovation comme le cloud et l'IA qui requièrent plus d'intégration.
L'open source participe à la transformation numérique
Du côté des entreprises, le chemin parcouru est important. « L'open source est devenue mainstream dans la transformation digitale et dans les stratégies d'innovation des organisations », a confirmé ensuite Philippe Montargès, président du Hub open source de Systematic. « Il y a encore quelques années, l'open source était assimilé à des stratégies low cost et génériques par rapport à des solutions propriétaires. Le mouvement s'est maintenant inversé. C'est l'open source qui tire le train de la croissance numérique et de l'innovation ». Une autre inversion s'est opérée sur le lancement des stratégies open source dans les grandes directions. Il était à l'origine poussé par les CTO et les responsables d'infrastructure. L'étude montre que « si 67% des préconisations sont toujours faites par les DSI et les responsables techniques, la part des CEO et des directions générales et celle des directions métiers dans l'entreprise augmente, d'année en année », met en avant Philippe Montargès. Dans 17% des cas, les directions générales sont engagées et 16% des directions métiers. « C'est un signe que pour les entreprises en phase de digitalisation, l'open source n'est pas une solution low cost, mais une solution qui va créer de la valeur ». Désormais, lorsque l'on retient l'open source, c'est parce que ses capacités de personnalisation sont alignées avec les besoins de l'entreprise et pour garder une indépendance vis à vis des fournisseurs de technologies. L'aspect coût qui arrivait en 1er en 2017 ne se situe maintenant qu'en 3ème position.
Parmi les motivations qui amènent vers l'open source, les questions de sécurité et de fiabilité augmentent par rapport aux années précédentes. (Source : Teknowlogy pour CNLL, Syntec Numérique et Systematic)
Enfin sur les aspects d'innovation, l'étude fait clairement apparaître la prépondérance de l'open source dans des domaines tels que l'intelligence artificielle, la gestion de données, la blockchain, l'edge computing et l'IoT. Sur ces sujets, 9 entreprises sur 10 la jugent essentielle ou préférable. « C'est ce qui se passe au sein de Systematic, l'open source est vraiment une deep tech, une technologie structurante qui permet d'accélérer l'innovation globalement », témoigne Philippe Montargès. « Tout projet nouveau qui concerne un nouveau segment de marché ou la migration de systèmes propriétaires embarque systématiquement des solutions open source. »
Plus de 9 répondants sur 10 estiment que l'open source jouera un rôle très important ou assez important dans la transformation numérique. (Source : Teknowlogy pour CNLL, Syntec Numérique et Systematic)
« Autre point, on s'aperçoit les composants open source apparaissent vraiment comme un atout fort pour l'économie numérique en France et pour retrouver un leadership numérique européen », relève encore Philippe Montargès. Sur les compétences open source, seuls 17% des sondés jugent l'Europe en retard par rapport au reste du monde.
Le 3ème volet de l'étude porte en effet sur l'ensemble de l'Europe avec l'étude d'une trentaine de pays, mais n'est pas encore entièrement finalisé. « Si le volume global de l'open source tourne autour de 25 milliards d'euros sur le marché européen, avec 3 leaders clairs, la France, le Royaume-Uni et l'Allemagne, il reste parmi les autres pays de grandes disparités », a indiqué ce matin Stéphane Fermigier, co-président du CNLL. « Néanmoins, dans les grands enjeux géostratégiques qu'il peut y avoir avec les Américains d'un côté et de l'autre l'Asie, notamment la Chine, l'Europe a des atouts à jouer en s'appuyant sur l'expérience des développeurs et l'existence de communautés open source », a souligné Stéphane Fermigier.
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