« Nous donnons la possibilité de devenir plus indépendants en garantissant l'origine européenne des technologies cloud », explique Jean-Paul Smets, vice-président d'Euclidia. (crédit : Snapwire / Pexels)
L'alliance Euclidia ambitionne de valoriser des solutions cloud uniquement européennes aussi bien open source que propriétaires pour les faire percer dans la sphère publique incluant ministères et agences gouvernementales. Elle est soutenue notamment par le CNLL, le fond de dotation du Libre et OW2.
L'Europe n'a peut être pas de fournisseurs cloud à même de rivaliser avec la puissance de frappe des GAFAM, elle n'en demeure pas moins riche de très nombreuses pépites. Pour les fédérer, une alliance baptisée Euclidia (European cloud industrial alliance) a été lancée. Elle bénéficie des soutiens du Conseil national du logiciel libre (CNLL), de l'association européenne des innovateurs en télécommunications de nouvelle génération (EANGTI), du fonds de dotation du Libre (FDL) et d'OW2. Euclidia a été fondée par 23 membres : Abilian, Amarisoft, Beremiz, BlueMind, Clever cloud, E. corp, Jamespot, Innoroute, Linbit, Netframe, Nexedi, Nextcloud, ng-voice, Nitrokey, OpenSVC, Patrowl, Rapid.Space, Scaleway, SenX, Signal18, Submer, Vates et XWiki.
« Cette alliance réunit des acteurs prêts à fournir sous licence des technologies cloud à des gouvernements qui veulent dépendre le moins possible d'acteurs étrangers en supprimant les problèmes d'extraterritorialité », nous a expliqué Jean-Paul Smets, vice-président d'Euclidia et par ailleurs PDG de Rapid.Space et fondateur de Nexedi. Les technologies cloud poussées par les membres de cette initiative sont orientées autour du triptyque IaaS, PaaS et SaaS, mais également d'autres orientées edge, vRAN (5G)...
Euclidia garantie 100% sans fournisseurs étrangers
Pour l'heure, Euclidia n'est pas encore constituée et ne dispose pas à proprement parler de forme juridique. Cela devrait venir d'ici l'année prochaine, sous statut d'association par exemple. Ce qui est certain en revanche, ce sont les ambitions affichées : de 23 membres aujourd'hui, Euclidia devrait être selon ses promoteurs en mesure d'en regrouper plus d'une centaine à court terme voire 200 d'ici quelques années.
Euclidia est loin d'être la seule initiative à vouloir fédérer les acteurs européens du cloud. C'est en particulier aussi le cas de Gaia-X. Mais les similitudes s'arrêtent là : « Euclidia fait ce que Gaia-X ne peut pas faire », assure Jean-Paul Smets. « Les managers et cadres de Gaia-X sont tous dans des grandes entreprises qui ont des accords stratégiques avec AWS, Microsoft et plus globalement ont des liens très forts avec les GAFAM », poursuit-il. « Ce n'est pas le cas dans Euclidia constitué de patrons de boites européennes qui produisent la technologie du cloud et dont les capitaux sont tous européens. Quand Gaia-X parle compliance et policy rules, nous parlons usages des composants de technologies européennes ».
Vers un principe d'exception culturelle pour le cloud ?
Annoncé après Gaia-X, Euclidia surfe sur la vague de la souveraineté des technologies cloud 100% européennes garantie sans fournisseurs américains ou chinois. Un positionnement qui n'est pas celui de Gaia-X qui en a conscience mais soulève aussi un vent de critiques, mais aussi du gouvernement Français qui, le 17 mai 2021, a abdiqué face aux GAFAM. Au plus haut niveau de l'Etat, il n'est en effet plus question de chercher à lutter contre eux (feu Cloudwatt, Numergy, Andromède...), mais à l'inverse de faire appel à eux tout en garantissant un très haut niveau de sécurité et de protection de données.
Une porte ouverte dans laquelle s'est engouffrée Bleu, co-fondé par Orange et Capgemini, dont le socle technologique repose sur Microsoft Azure. En attendant le verdict de l'Anssi qui décortique en ce moment son architecture et devrait apporter une réponse claire en termes de sécurité et de protection, des questions juridiques mais aussi d'intelligence économique demeurent. Les offres cloud européennes à l'échelle vont-elles trouver leur place ? Euclidia en est persuadé : « Nous donnons la possibilité de devenir plus indépendants en garantissant l'origine européenne des technologies cloud », poursuit Jean-Paul Smets. « On pourra aussi demander dans un an d'appliquer au cloud le principe d'exception culturelle pour créer une base de marché minimum ». Pourquoi pas, le travail de lobbying n'est après tout pas l'apanage des géants US et chinois du cloud...
Suivez-nous