Cloud de confiance : Capgemini et Orange lancent officiellement les activités de Bleu

« L’objectif de notre accord avec Microsoft est de proposer une offre qui soit le miroir le plus fidèle de ce qu’il propose sur le cloud public », fait savoir Jean Coumaros, président de Bleu. (crédit : Bleu)

« L’objectif de notre accord avec Microsoft est de proposer une offre qui soit le miroir le plus fidèle de ce qu’il propose sur le cloud public », fait savoir Jean Coumaros, président de Bleu. (crédit : Bleu)

Annoncé en 2021, le futur cloud de confiance Bleu créé par Capgemini et Orange pour fournir des solutions Microsoft a fini par décoller. Crédit Mutuel Alliance Fédérale, l'AFD ou encore le ministère du Travail, de la Santé et des Solidarités ont montré leur intérêt pour des services qui ne seront cependant pas tous prêts avant 2025.

Laisser le temps faire ou rassembler ses forces pour bien démarrer ? Les deux sans doute pour Bleu, l'ambitieuse société détenue à 50/50 par Capgemini et Orange Business a été annoncée en 2021 pour développer un cloud de confiance capable d'obtenir la qualification SecNumCloud sur lequel reposeront de nombreuses solutions et services de Microsoft. Après un retard à l'allumage, c'est finalement le lundi 15 janvier 2024 en fin de journée que le lancement officiel de ses activités commerciales a été annoncé. Il était temps. 

Car depuis trois ans de l'eau a coulé sous les ponts et les acteurs du cloud de confiance sont petit à petit sortis du bois : Docaposte (avec Numspot), S3NS (Thales/Google), OVHCloud, Outscale, Cloud Temple ou plus récemment Free Pro. Mais pour Bleu, ce temps long n'apparait pas du tout comme un problème. « Nous sommes dans les clous du plan initial », nous a expliqué Jean Coumaros, président de Bleu. Considérée d'un point de vue juridique comme une concentration, la joint-venture entre Capgemini et Orange a en fait dû attendre une validation de la Commission européenne pour sortir effectivement de terre. « Nous avons eu le feu vert en juin 2023 et ce n'est qu'à partir de la création de l'entreprise elle-même que les activités opérationnelles ont commencé », poursuit Jean Coumaros. 

Des recrutements attendus

Comptant une trentaine d'employés aujourd'hui, Bleu prévoit une montée en puissance de ses effectifs qui atteindront la centaine en fin d'année et devraient grimper à 150 l'an prochain. En attendant, la société engage de front deux défis étroitement liés: engager la certification SecNumCloud de son offre et débuter sa prospection commerciale. Mais comment convaincre des entreprises, des ministères, des agences gouvernementales, des collectivités locales, des hôpitaux de se tourner vers lui alors que les services ne sont pas encore disponibles ?  

« Nous allons débuter le processus de qualification SecNumCloud le plus tôt possible, mais cette qualification ne peut être octroyée que sur des services en production après une phase d'audit », concède Jean Coumaros. Concrètement, les premiers services cloud de Bleu à sortir en cette fin d'année ne seront pas certifiés SecNumCloud, il faudra donc attendre encore quelques mois pour que cela soit le cas, mi-2025 a priori. Avec le lancement officiel de ses activités, Bleu entame une opération séduction XXL auprès de plusieurs cibles, à savoir tout d'abord celui du secteur public et des services de l'Etat (ministères, santé, collectivités territoriales...) ainsi que des organisations et/ou entreprises OIV (opérateurs d'importance vitale) et OSE (opérateurs d'importance essentielle).

Des offres Microsoft sélectionnées avec soin 

Parmi les premiers utilisateurs intéressés par Bleu, on trouve notamment le Crédit Mutuel Alliance Fédérale et sa filiale technologique Euro-Information, l'Agence Française de Développement (AFD) ainsi que le ministère du Travail, de la Santé et des Solidarités. Pour quels services sont-ils intéressés en particulier ? Nous n'avons pas pu en savoir plus à ce stade. Ce qui est certain en revanche, c'est que les futurs services de Bleu seront articulés autour de deux offres principales : Microsoft Azure et Office et ce n'est pas un hasard : « l'objectif de notre accord avec Microsoft est de proposer une offre qui soit le miroir le plus fidèle de ce qu'il propose sur le cloud public », fait savoir Jean Coumaros.

Si Bleu ne communique pas du tout sur les tarifs, il en est autrement des types de services concernés. Sur Office cela concerne l'ensemble de la suite de productivité bureautique et de collaboration (Teams incluant visioconférence, messagerie, instantanée, partage de documents...); mais aussi l'agenda et la messagerie Outlook. Du côté d'Azure, des services IaaS et PaaS « essentiels » incluant à la fois le stockage des données, des ressources de calcul et des fonctionnalités réseau. Pas question pour autant de retrouver les 30 000 produits et services du catalogue Azure. 

La marketplace Bleu surveillée comme le lait sur le feu

Tout ne sera pas lancé en même temps. Fin 2024 tout d'abord, les services IaaS et quelques services PaaS monteront le bout de leur nez, puis début 2025 le reste des services PaaS permettant à un directeur informatique de disposer de l'ensemble des outils pour architecturer et gérer l'ensemble du SI; en dernier des applications SaaS seront proposées. A noter que des fournisseurs tiers pourront commercialiser leurs propres solutions sur la marketplace de Bleu. Attention toutefois car ces dernières, bien que tournant sur la plateforme Bleu certifiée SecNumCloud, pourront ne pas être elles-mêmes certifiées SecNumCloud. « La plateforme Bleu et les services Microsoft qui tourneront dessus seront qualifiés SecNumCloud mais pas nécessairement les offres tierces », prévient Jean Coumaros. « L'Anssi nous a demandé d'être très vigilant là-dessus mais il n'y aura aucune ambiguïté car nous aurons un rôle d'accompagnement pour nous clients sur ce sujet », assure Jean Coumaros.

Bleu entame cette année 2024 avec beaucoup d'ambitions, sans autant se risquer à donner publiquement des objectifs commerciaux ce qui, compte-tenu du contexte concurrentiel exacerbé, se comprend finalement assez bien. En termes d'infrastructures, le groupe s'appuie sur ses propres ressources techniques - et non celles d'Orange Business comme certains bruits de couloirs pouvaient le laisser entendre - et datacenters. « Nous allons lancer avec deux datacenters, l'un en région parisienne et l'autre dans le Sud de la France », indique Jean Coumaros. Dans les 2 ans qui suivent, ils seront complétés par deux autres adossés chacun à un site de reprise après sinistre. Si le siège de Bleu est à Paris au Campus Cyber, la société dispose de deux centres opérationnels et de pilotage en Ile-de-France et en Bretagne. Un lieu qui ne doit rien au hasard puisque c'est là-bas, à Rennes, que se situe le deuxième centre d'Orange Cyberdéfense (après Paris) aussi bien en termes d'effectifs que d'expertises pour un effectif qui passe la barre des 600 personnes.





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