Tout a commencé début novembre 2019 quand Xerox lance sa première offre à 27 Md$ sur HP, à la surprise générale. (Crédit : Ann H, Pexels / Xerox / HP)
Le Covid-19 aura eu raison de la tentative d'OPA de Xerox sur HP. Dans le contexte défavorable de la crise sanitaire, l'ex-candidat acquéreur abandonne son combat contre le conseil d'administration de HP, sans cacher son amertume. Retour sur cette série qui aura duré presque six mois.
L'épisode final de la série « Xerox veut racheter HP » a été diffusé hier aux Etats-Unis. Décalage horaire oblige, la diffusion française a lieu ce 1er avril et le feuilleton se termine sur l'abandon de l'OPA de Xerox, en raison du contexte sanitaire actuel. « Le Covid-19 a créé un environnement qui n'est pas propice à ce que Xerox poursuive l'acquisition de HP Inc. En conséquence, nous retirons notre offre d'achat de HP et ne chercherons plus à proposer notre liste de candidats hautement qualifiés au conseil d'administration de HP », indique Xerox par voie de communiqué.
L'aspirant acquéreur dit préférer se consacrer à la gestion de la pandémie mais ne cache pas son aigreur : « La combinaison de Xerox et de HP présente encore des avantages financiers et stratégiques convaincants à long terme. Le refus du conseil d'administration de HP de s'engager de manière significative pendant de nombreux mois et ses tactiques de retardement continu ont fait beaucoup de tort aux actionnaires de HP, qui ont montré un soutien énorme à la transaction. »
HP encore et toujours impassible
De son côté, HP est resté impassible à l'annonce de son concurrent, comme en témoigne la réaction qu'il a publiée : « Nous restons fermement engagés à créer de la valeur pour les actionnaires de HP. HP est une société solide qui occupe une position de leader sur le marché des systèmes personnels, de l'impression, de l'impression 3D et de la fabrication numérique. Nous disposons d'une trésorerie et d'un bilan sains qui nous permettent de faire face à des défis imprévus tels que la pandémie mondiale actuelle, tout en gardant des options stratégiques pour l'avenir. » Ainsi se termine donc ce feuilleton qui aura duré presque six mois.
Tout a commencé début novembre 2019, lorsque Xerox lance sa première offre de rachat à la surprise générale. Elle valorise HP 27 milliards de dollars, soit un montant plus de trois fois supérieur à sa capitalisation boursière. Alors que les discussions avec HP, qui dit n'avoir rien sollicité, commencent à se tendre, Carl Icahn investit 1,2 Md$ dans HP mi-novembre et pousse au rachat par Xerox.
Révélations et coup de théâtre
Après des échanges houleux et des menaces d'OPA hostiles de la part de Xerox pendant un mois, ce dernier lance les hostilités mi-décembre en contactant directement les actionnaires de HP pour leur présenter les avantages d'une fusion. Début février 2020, et devant un HP faisant toujours la sourde oreille à ses avances, Xerox relève de 22 à 24$ par action le montant de son offre. Rien n'y fait pour Hewlett Packard qui reste coi, même à l'annonce officielle d'une OPA en bonne et due forme de son concurrent. Les actionnaires de HP auraient eu jusqu'au 21 avril pour accepter l'offre de Xerox.
Entre temps, des révélations et coup de théâtre se sont aussi produits. Des documents réglementaires émanant de HP ont montré que Xerox voulait être racheté par son concurrent avant novembre 2019. Faute d'avoir accepté de fournir à HP les documents qui aurait permis d'envisager des discussions plus avancées, c'est Xerox qui a clos les échanges autour de sa possible acquisition pour passer ensuite à l'offensive. Juste après le lancement de l'OPA officielle, Canon s'en mêle, par la voix de son CEO. Ce dernier déclare à la presse que Canon cesserait de fournir à HP des composants si l'OPA de Xerox aboutissait. Durant toute cette période, HP est resté droit dans son argumentation initiale, en martelant que les 27 puis 35 Md$ proposés sous-évaluaient sa valeur.
I'll be back ?
HP sort donc vainqueur de cette bataille dont les rebondissements et échanges entre les deux entreprises ont été dignes d'une production Netflix. D'après le communiqué de Xerox, c'est la crise liée au coronavirus qui a motivé son abandon. Ce n'est alors peut-être que partie remise pour le groupe. To be continued ?
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