Entretien avec Franck Dubray, P-dg d'Intrinsec
Distributique : Vous installez une agence à Sophia Antipolis, quel est l'intérêt pour vous de telles implantations régionales ?
Franck Dubray : "Nous créons une direction commerciale à Sophia Antipolis, tout simplement pour nous rapprocher de nos clients sur cette région. A partir de Paris, nous pouvons traiter des clients sur le nord de la France, mais pour la Méditerranée il est mieux d'être sur place, la distance est trop importante. Nous avons déjà des agences commerciales et des datacenters à Nantes et à Lyon. A Sophia, nous avons recruté Henri Piriou pour diriger notre agence, je ne vous cache pas que le recrutement, pour ce type de spécialités, est « une vraie galère ».
Distributique : Comment se présente votre organisation en datacenter ?
Franck Dubray : "Nous avons deux datacenters sur Paris, bientôt trois. Deux autres se situent en région, l'un à Lyon, l'autre à Nantes. D'ici 18 à 24 mois, un autre datacenter devrait voir le jour près de Sophia Antipolis. Nos datacenters en région assurent en fait la redondance des datacenters parisiens. Actuellement, nous avons 1 500 serveurs sur ces datacenters.
Nous comptons une centaine de clients. Notre spécialité, c'est d'infogérer des systèmes d'information complets pour des entreprises de taille moyenne, allant de 5 à 200 serveurs. Beaucoup de nos clients sont dans le secteur public ou la banque. Nous pouvons assurer à ces dernières le respect des normes Bâle 2, puisque nos datacenters en région sont distants de plus de 400 km de ceux situés en région parisienne, ce qui est l'une des exigences de cette norme.
Pour relier nos datacenters, nous nous appuyons sur des opérateurs qui ont un vrai maillage, essentiellement Orange et Colt. Nous gérons par ailleurs le trafic Internet de nos clients, en mettant tous les opérateurs en concurrence, pour offrir des débits de 100 mega ou d'un giga.
Distributique : Avec la crise économique et surtout financière de l'été, maintenez-vous votre objectif de croissance 2011 ?
Franck Dubray : Nous allons même dépasser notre objectif de 21 ME de CA pour 2011 pour atteindre les 22. La crise n'affecte pas notre marche en avant. Ce fut un très bon premier semestre que ce soit pour le chiffre d'affaires ou pour la rentabilité. Les contrats signés avec nos clients sont sur une base pluri-annuelle, mais notre activité est vraiment forte. Les propositions ne manquent pas, nous avons passé un été comme nous n'en avions jamais connu. Le 17 août par exemple, nous étions sur le pont, pour une réponse à un appel d'offres.
2011, pour nous, c'est 3 à 4 nouveaux clients par mois. Nous sommes donc dans une phase ascensionnelle de croissance. C'est une double logique qui nous porte, une logique de taille et de moyens. Plus on a de moyens et plus on a de clients, plus on a de clients et plus on a de moyens. Peut être la crise se manifestera-t-elle, mais ce sera de manière décalée. De toute façon, nos offres d'infogérance et de cloud, permettent justement de répondre au resserrement des budgets !"
Distributique : Vous parlez de plus en plus de cloud computing, est-ce un effet de mode ou une vraie évolution ?
Franck Dubray: "Nous sommes passés d'offres d'infogérance à des offres de cloud computing, donc à l'externalisation de la totalité d'un S.I. La mutation est forte. Dans l'infogérance, on externalise l'exploitation, dans le cloud c'est toute l'infrastructure. Pour le DSI client, c'est aussi une forte transformation, d'autant que nous nous adressons aux responsables d'entreprises de taille moyenne. Ils vont pouvoir se concentrer sur leurs applications métiers, y compris dans le secteur public.
Nous passons par exemple les commandes de serveurs, il leur faut différents processus et du temps, dans le cadre de la commande publique. Nous, nous avons le ou les serveurs dans la journée, nous maintenons et nous faisons évoluer c'est notre métier. Et le client peut se passer de postes complexes, administrateurs réseaux, sécurité ou cloud."
Distributique : Vous vous éloignez de votre idée initiale ?
Franck Dubray : "Intrinsec est née parmi des copains, étudiants à l'Epita, passionnés de piratage informatique. A l'époque, 1995, la sécurité passe par des audits et des questionnaires qui notent la capacité de l'entreprise à résister à une attaque. Nous apportons l'idée du test d'intrusion, une étude en conditions réelles. On complète ainsi une méthode basée sur les normes, par une autre plus « coup de poing ». C'est le début de la société Intrinsec. Neurones en prend le contrôle en 1999 et apporte son savoir-faire commercial.
Nous sommes passés ensuite à la notion d'infogérance, puis au cloud computing. Actuellement, Intrinsec compte trois offres : infogérance à distance, c'est l'offre Osmose lancée début 2000, infogérance et Iaas, c'est l'offre Iode de 2007, enfin mc2 lancée en 2010 qui traite uniquement du cloud Iaas."
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