Distributique : Les ventes de serveurs Windows ont dépassé les ventes de serveurs Unix ce trimestre. Pensez vous que 2005 sera l'année où Windows détrônera Unix en chiffre d'affaires ?
Adrian O'Connel : En fait, ce n'est pas le premier trimestre où les ventes de serveurs Windows dépassent celle de serveurs Unix en valeur. En revanche, 2005 devrait être la première année où cette tendance se vérifiera sur 12 mois. Car, même si le dernier trimestre est en général favorable aux ventes de grands serveurs Risc et Itanium, il faudrait un effondrement des ventes de Windows et une véritable explosion des ventes Unix pour que ce dernier reprenne l'avantage en terme de ventes sur l'année. Cela ne se produira pas.
Distributique : Comment expliquez vous cette montée en puissance ?
Adrian O'Connel : Il y a une vraie dynamique du marché des serveurs x86 économiques, les machines mono et bi-processeurs, qui représentent 90 à 95 % des livraisons en produits d'entrée de gamme sur le troisième trimestre 2005. On voit de plus en plus de serveurs deux voies dans le monde des serveurs applicatifs et de plus en plus fonctionnent sous Windows car le niveau de confiance des entreprises dans cette plate-forme a augmenté, même s'il reste de vrais problèmes pour bien administrer les serveurs Windows. Les revendeurs Unix tentent d'abaisser le coût de leurs plates-formes [RISC et Itanium] pour être plus compétitifs mais ils rencontrent des problèmes de volume. (...)
L'autre problème du marché de l'Unix est plus conjoncturel. Il y a deux ans, on a vu des achats massifs de grands serveurs Sun StarFire, HP SuperDome ou IBM pSeries. A l'époque on pensait que ces grands serveurs Unix parviendraient à grignoter des parts de marchés au monde du mainframe. Cela ne s'est pas produit, IBM ayant largement réussi à limiter l'érosion de sa base installée en grands systèmes par une innovation considérable (...) Il y a enfin des raisons sectorielles. Traditionnellement, les serveurs Unix se sont bien vendus dans le secteur de la banque ou des télécoms. Or les achats de ces clients se sont réduits. Ils sont en train de reprendre, mais il n'est pas sûr que cela profite autant que par le passé aux ventes Unix. Ces clients regardent en effet eux aussi les nouvelles architectures x86.
Distributique : Il est étonnant de voir Windows croître si fortement alors qu'il doit aussi affronter la concurrence de Linux, qui prend de plus en plus de part de marché sur le segment des serveurs x86...
Adrian O'Connel : Cette progression de Linux devrait se poursuivre, mais elle se fait autant aux dépens d'Unix que de Windows. Microsoft a aussi réagi en se concentrant sur ses points forts pour limiter l'érosion des ventes liée à Linux. Résultat, Windows continue à s'améliorer et à séduire les entreprises.
Distributique : Les serveurs économiques à base de puces SPARC T1 (Niagara) de Sun peuvent-ils aider Unix à regagner du terrain sur Windows ? De la même façon, la disponibilité de Solaris sur plates-formes x86 ne pourrait-elle pas aider l'Unix de Sun à endiguer la progression de Linux et de Windows ?
Adrian O'Connel : Nous voyons beaucoup de technologies très intéressantes venant de chez Sun. La question est de savoir s'ils parviendront à convaincre les clients de les utiliser. L'histoire a montré par le passé que ce ne sont pas forcément les meilleures technologies qui l'emportent. Sun doit de plus relever de vrais défis sur les secteurs du bancaire et des télécoms qui sont deux de ses secteurs clés.
Adrian O'Connel, analyste serveurs et stockage au Gartner
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