Trente, c'est le nombre de solutions de RSE évaluées par la dernière étude du cabinet Lecko, publiée le 31 janvier. Une diversité d'autant moins rassurante que chaque solution semble avoir sa propre interprétation de ce que doit être un réseau social d'entreprise.
Qu'est-ce qu'un réseau social d'entreprise ? Si la question mérite encore d'être posée c'est que, à regarder la trentaine d'offres disponible aujourd'hui sur le marché français, la réponse n'est pas si évidente. A grosse maille, l'objectif poursuivi est le même : favoriser les échanges directs entre les collaborateurs de l'entreprise. Mais une fois cela dit, il y a plusieurs façons d'y arriver. Entre un Sharepoint de Microsoft, qui prend pour point de départ le document, et Talk Spirit de Blog Spirit, qui privilégie la conversation, ou encore Jamespot de l'éditeur éponyme, qui met en avant le concept d'espaces thématiques communautaires, le choix pour les entreprises reste difficile.
Des différences plus de forme que de fond
« Un réseau social, c'est un jeu de construction », simplifie Alain Garnier, PDG de Jamespot. Tout dépend de la stratégie que souhaite adopter l'entreprise. C'est en définissant le plus précisément possible l'objectif visé que l'entreprise a le plus de chance de choisir la solution de RSE qui lui conviendra le mieux. « D'une certaine façon, les solutions de RSE reproduisent en mode collaboratif les trois briques essentielles d'un système d'information », explique Arnaud Rayrolle. Les réseaux sociaux d'entreprise offrent ainsi toutes des fonctions de recherche et de gestion de profil, en plus de l'environnement permettant le flux de conversations ou d'échanges. Les différences les plus fortes entre les différents éditeurs se situent dans la façon d'organiser les échanges, autour d'un document, au sein d'une communauté thématique, ou d'un événement généré par une application métier, ...
Un impératif de simplicité
Sur ce marché encore jeune et particulièrement flexible grâce au modèle SaaS (software as a service), les particularités de chaque solution sont souvent le résultat de demandes clients. Chez Blog Spirit, le maître mot est la simplicité et la flexibilité. Sa plateforme TalkSpirit est signalée par Lecko comme étant la plus paramétrable du marché français. « Les réseaux sociaux ne sont pas que dans les bureaux. Le RSE doit être capable, par exemple, de permettre à des agents de rayon ou des caissières de supermarché d'échanger rapidement et simplement autour d'un document photographique, illustre Philippe Pinault, PDG de BlogSpirit. Chez BlueKiwi, on se concentre sur les experts et leur profil grâce à des nuages de tags qui sont utilisés pour créer des communautés par centres d'intérêt. » Ainsi, il sera plus facile, face à un événement tel que la prochaine rupture de stock d'un composant critique pour une chaîne de fabrication, de réunir presque instantanément le groupe de collaborateurs les mieux à même de résoudre la crise. Knowledge Plaza, quant à lui, s'appuie sur des documents ou plus exactement sur les signets placés sur les documents par les utilisateurs du réseau social. Un paragraphe, une phrase, une capture de page Web, peuvent ainsi servir de point de départ à la conversation.
Les grands fournisseurs s'en mêlent
Fortement personnalisées, ces différentes mises en oeuvre du concept de réseau social d'entreprise se différentient en définitive moins sur la finalité que sur le point de départ, l'événement déclencheur. Cette approche constitue aussi la voie presque royale par laquelle les poids lourds de l'édition de logiciels viennent concurrencer les spécialistes sur leur terrain. Pour la plupart cependant, les grandes plateformes applicatives comme SalesForce ou BEA se contentent d'enrichir leurs applications d'une couche sociale. C'est aussi la stratégie adoptée par Microsoft avec SharePoint. La version 2010 s'enrichit de nouvelles fonctions de tagging, de micro-blogging et d'un équivalent du « J'aime » de Facebook. « Dans de nombreuses entreprises, Sharepoint joue déjà un rôle clé d'élément fédérateur des contenus et des applications métiers, argumente Na-Young Kwon, responsable marketing Sharepoint chez Microsoft. C'est donc un point d'encrage naturel pour développer une couche de socialisation qui profitera à l'ensemble des applications ».
Une faille commune à tous les acteurs du marché
La confiance de l'éditeur de Windows sur le marché du RSE n'est pas simplement due à son poids dans les entreprises. Quoique fonctionnellement moins avancée que celles de petits éditeurs qui jouent la carte de la personnalisation, l'option SharePoint profite d'une faille commune à tous les acteurs du marché, le manque d'interopérabilité des profils. Les profils sont en effet le nerf de la guerre sur le marché des RSE. Si certains réfléchissent à exploiter les données de profils publics comme celui de Linkedin, la plupart des éditeurs n'ont prévu aucun mécanisme de partage de ses profils avec ceux d'autres applications de réseau social. « Nous savons agir comme fournisseur du flux de conversation mais pas en tant qu'agrégateur », reconnaît Philippe Pinault de Blog Spirit. Cette attente est pourtant exprimée de plus en plus clairement par les entreprises. Dans son étude, le cabinet Lecko examine plusieurs scénarios. Du développement de solutions de portails capables de fédérer les RSE comme on le fit il n'y a pas si longtemps avec les intranets, ou bien l'apparition d'un client social qui viendrait remplacer ou s'intégrer au client de messagerie.
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